Requiem pour un poisson rouge XXXIV

– Y a un problème?

Paulo a comme qui dirait un instant de trouble.

– Non, je réfléchis comment s’organiser, file à l’étage, je m’occupe du salon et du reste. Avertis moi si tu trouves quelque chose, sérieusement je pense que nous ferons choux- maigre.

– Vous n’avez pas de torche.

– Mais si, miracle de la technologie, mon téléphone a une fonction lampe de poche. Perdons pas de temps.

Paulo un peu interdit avec un temps de retard s’est bougé le cul. Je ne sais pourquoi j’ai vérifié sa montée et attendu qu’il soit bien là- haut avant de passer à l’action. Vu le ramdam j’ai compris qu’il était en opération.

Pas le temps de philosopher, mon flair de chasseur commande d’agir vite et bien.

Grâce soit rendue aux vieilles masures et portes qui grincent comme celle du salon. Je ne sais si c’est une coïncidence mais le silence s’est fait à l’étage, mon complice d’un soir va rappliquer, c’est clair comme de l’eau de source.

– Patron, patron !

– Plus fort, tu peux pas faire?

Je venais de sortir ostensiblement du salon.

– J’ai tout passé en revue là- haut, nib.

– Je sais j’ai entendu et le voisinage aussi, question discrétion t’as été meilleur. Dans le coin y a des anciens de chez Terraillon. On ne va pas moisir ici, y assez de moisissures comme ça en plus.

– Et de votre côté?

– Je voulais garder pour moi, la visite n’a pas été infructueuse.

Je vis le regard de mon arsouille devenir foudroyant.

– Vise un peu, deux boites de cigarillos cubains neuves. Je te les files, tu ne seras pas venu pour rien.

Je cru déceler une certaine déception.

– Merci patron.

On sentait l’enthousiasme dans la sonorité.

– Et la cave?

Pute borgne, j’avais oublié cette conne et l’autre abruti non, moi qui voulais décarrer rapido de ce lieu me trouve baisé. Faut assurer.

– T’as raison, j’allais t’en parler, vas- y.

– Vous venez pas avec moi?

– Tu vas pas me refaire le coup des esprits frappeurs, je te fais confiance, pendant ce temps je surveille la rue, on ne sait jamais avec ton boucan, t’as peut- être affolé le quartier.

Si les flics arrivent je me sens mal pour romancer. Go à la cave, toute façon c’est juste par acquit de conscience, nous sommes venus, nous n’avons rien vu.

Quelle connerie cette putain de cave, alors qu’il me tarde de mettre les voiles. Heureusement El Paulo n’a pas fait de zèle, visiblement il veut aussi se tirer.

– T’as rien trouvé?

– Non

Dit- il d’un ton détaché.

– Sans surprise, on dégage, pour le pognon tu connais la filière.

C’est sans regret que je ferme la lourde de cette datcha pour ouvrier picoleur et admirateur du père Joseph. Adios, bien content de ne plus avoir à remettre les pieds dans cette contrée maudite.

– Paulo, merci, tu rentres comment?

– Vous en faites pas, je me démerde, et vous?

– Moi aussi je me démerde, j’ai Uber.

Faut bien mentir un peu, le mensonge est souvent une sauvegarde. Le Paulo est aussi franc qu’un âne qui recule.

Après un certain moment d’hésitation il a pris la tangente à une vitesse d’escargot de campagne. Je l’ai observé, ce con a pris le chemin qui mène direct à ma caisse. Putain, encore un imbroglio, je veux pas avoir de mauvaises pensées mais nous sommes dans un climat diplomatique de confiance réciproque.

J’ai attendu qu’il s’éloigne de ma vue et pris la tangente via des détours à la con dans ce quartier à la con.

Une plombe la plaisanterie pour rejoindre la tire, pas de Paulo en vue, je me suis fait de mauvaises idées, à force de me faire des films.

Au paddock! Plus grand-chose à faire ce soir. Y a encore une sacrée soirée en perspective.

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