Requiem pour un poisson rouge XXXII

– Vous avez casqué?

– Pas encore, j’ai baratiné.

– Il attendra!

– Vous partez déjà?

– Oui, j’ai à consulter et examiner certains points.

Sur cette réponse sibylline je me calte.

J’espère que mon pote colon va pouvoir me rendre service sur ce coup. Il est sur la fin comme moi, mais a du relationnel.

Je vais juste lui demander un soutien logistique au cas où, faut avouer, je me lance dans l’opération “Zombie et les morts vivants”.

La Margot même si elle rechigne est une exécutante fidèle.

17h le bigo.

– Allo, c’est Margot votre secrétaire adorée.

– Depuis quand?

– A mourir de rire!

– Aux faits.

– J’ai suivi à la lettre vos instructions débiles, la réponse est négative.

– C’est tout ce que je voulais savoir. Le Paulo appelez- le, qu’il vienne me voir au bureau dès que possible j’ai du boulot pour lui. Vous pouvez rentrer chez vous.

– Patron vous êtes un seigneur, bonne soirée.

– Oui, bonne soirée.

Ça se décante, j’avoue que la réponse me satisfait sans me satisfaire parce- que je suis lancé dans un trip improbable. J’ai plus l’âge de ces fantaisies mais va falloir y aller. Quel dossier de merde!

Dossier de merde en effet, faut que j’aille à la maison d’arrêt voir le sujet principal de ce dossier. Ce con j’allais l’oublier.

Cette putain de route gluante vers la maison d’arrêt commence à me lasser. Coup de bol, y a pas ces connards de cyclistes pour me les casser. Sont peut- être morts renversés par un 35 tonnes polak.

– Bonjour Maître.

C’est le syndicaliste qui a réussi qui m’accueille.

– Vous êtes de retour, vous étiez en vacances?

– Nous avons des stages de formation.

– Mon client va bien?

– Il ne dérange personne, c’est déjà çà. Votre visite n’était pas prévue.

– Je viens juste lui remettre ceci.

Le passage au portique est vite expédié, nous voici avec mon client, le tueur à la malle.

– Bonjour, je suis votre avocat, vous vous souvenez de moi?

La réponse fut un regard de bovidé vers ma destination.

– Tenez, je vous amène ce livre qui est une encyclopédie sur les poissons rouges.

A la vue de l’ouvrage son regard s’est éclairé. J’ai touché un point sensible.

– Merci, merci, Maître, les poissons rouges il ne faut pas y toucher, ce sont des êtres fragiles sans défense, je ne supporte pas qu’on leur fasse du mal.

– C’est ce que j’ai cru comprendre en effet.

– Vous comprenez pourquoi il m’a fallu agir.

– Complètement.

– C’était mon devoir.

– Vous avez agi comment?

– Je dois lire votre livre d’abord, plus tard vous saurez.

– Faudrait me le dire maintenant, vous savez, la juge va vous envoyer au procès.

– Qu’importe l’avis de la juge, ce qui devait être fait l’a été, justice a été rendue. Je vous remercie Maître, vous saurez je vous le promets.

Oui, je sais déjà que j’ai un timbré comme client.

– Alors Maître, c’est déjà terminé?

– Oui, je venais juste lui remettre le bouquin, il a l’air passionné par le poiscaille.

– Je vous l’avoue, s’ils étaient tous comme lui nos pensionnaires, ça serait un boulot tranquille.

– Vous n’aimez pas la diversité, vous l’ancien syndicaliste?

– Je suis comme tout le monde, les étrangers je les aime chez eux.

– Cette réflexion vous honore.

Je décampe de cet établissement hôtelier sans étoiles, j’ai encore à bosser.

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