Requiem pour un poisson rouge XXXI

Jamais je ne me suis rendu aussi tôt au bureau ce jour là. Margot venait juste d’ouvrir, au moins elle ne me vole pas sur les horaires, c’est déjà çà.

– Qu’est ce qu’il vous arrive? Vous êtes tombé du lit?

– Le dossier Lecerf est ici?

– Bien entendu, où voulez- vous qu’il soit?

– Filez le moi.

Margot s’empressa de récupérer les 5 cartons de la procédure, faut dire c’est toujours volumineux ces affaires judiciaires à la con.

– Je vais m’emmerder à les trimbaler, tant pis, j’embarque tout.

– Quoi ? Vous partez avec?

– Oui, ne cherchez pas à comprendre.

– Vous pouvez consulter ici.

– Non ! Je veux être au calme, j’ai un détail à voir mais le détail qui peut être la pièce manquante.

– C’est votre dossier, vous êtes bien mystérieux.

– Il vaut mieux, moins vous en savez mieux ce sera.

– Dîtes que vous n’avez pas confiance en moi.

– C’est pour votre sécurité, vous avez changé la serrure au fait?

– Pas encore, j’ai demandé des devis à des serruriers, ce sont tous des escrocs, ils demandent des prix astronomiques.

– Vous découvrez ça aujourd’hui ? Tant pis je casque, faites fissa.

Et je me tire rapido, enfin presque, avec mes cartons qui pèsent une tonne. Heureusement j’ai le parking en sous- sol et la mère fouettarde n’a pas instauré la circulation alternée aujourd’hui.

Une fois chez moi, je me suis coltiné ce putain de dossier. Heureusement il y a le rapport de synthèse, que tout le monde se contente de lire. Sauf que ça ne suffit pas, faut se taper les pièces de procédures, parfois y a des loupés, c’est là que l’avocat génial comme moi intervient et souligne le fait que la pièce n° x est introuvable. Du coup la procédure se casse la gueule.

Sauf que là j’espère qu’elle y est, c’est juste pour une confirmation mais une confirmation importante. Le pire est qu’il n’y a pas de raison que cette information y soit.

Au bout de deux heures de lecture j’ai un début de réponse, insatisfaisante mais suffisante pour avancer.

Retour au bureau, j’ai jamais autant turbiné que maintenant, c’est dingue.

– Margot!

– Ah ! Vous êtes de retour.

– Je sais, je suis au courant. Voilà ce papier, suivez les instructions, faites ça dans la journée, le plus rapidement possible, dès que vous avez la réponse vous m’informez.

– C’est quoi ces salades?

– Vous êtes l’employée et moi le patron, faites ce que je vous dis.

– Ok boss, ok boss, pas la peine de vous énerver, à ce rythme vous ne verrez jamais Cuba. Au fait, le Paulo est venu pour son pognon, il vous remercie et se tient à votre disposition si vous avez encore besoin de lui.

– Ouais, je pense que bientôt ce sera le cas, si jamais il redonne signe de vie dites lui qu’en effet je vais avoir besoin de ses services. Au fait Margot, j’ai réfléchi vous avez peut- être raison, le cellulaire, faut évoluer avec son temps, comme je suis nul vous pouvez me rentrer les numéros suivants en mémoire?

– Suis la bonne à tout faire.

– Ben oui, ça s’appelle une secrétaire.

– Autre chose, la serrure?

– C’est fait, j’ai trouvé un mec pas trop cher et correct, ça va vous plaire, c’est la société Rachid Hammadi.

En d’autres temps je lui aurai claqué le beignet, la Margot a le don parfois comme toutes les gonzes de faire monter la tension. Là j’ai des priorités.

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