Requiem pour un poisson rouge XXVI

– Pardon Monsieur, je vous observe depuis un moment, qui êtes vous?

– Ah, pardon oui, police.

Je lui exhibe illico ma carte professionnelle barrée du sésame tricolore, ça impressionne toujours le blaireau, au moins elle m’aura servi à quelque chose.

– Excusez- moi, il se passe tellement de choses ici qu’on se méfie.

– Au contraire, votre réaction vous honore, si tous les citoyens se comportaient de la sorte nous aurions moins de travail.

– Vous enquêtez toujours sur le meurtre?

– Simple visite de routine, histoire de voir si rien n’a bougé, d’ailleurs je vais faire un rapport saignant, il manque les scellés, c’est inadmissible. Vous êtes d’accord avec moi?

– Oui, tout à fait. Enfin qui aurait pu penser un tel drame ici et un si brave garçon.

– Vous le connaissiez? Suis idiot, forcément vu que vous êtes un proche voisin.

– On se croisait dans la rue, il habitait de l’autre côté.

– De l’autre côté? Il habitait pas ici au n°6 ?

– Vous aussi, vous vous êtes fait avoir, c’est pas le 6 c’est le 9.

Le 9 c’est quoi cette embrouille encore ?! Suis dans un monde parallèle ou quoi ?!

– Suis pas miro, le numéro sur le portail c’est bien 6 pas 9.

– Non, ici c’est le côté impair.

J’ai compris le gag, en fait un des clous qui tenait le chiffre a sauté, du coup le 9 basculé en 6 et tout le monde n’y a vu que du feu. Mais alors cette crèche est à qui?

– Vous m’avez l’air de bien connaître le coin, vous pouvez m’accorder un instant, c’est pas une déposition, c’est juste la déformation professionnelle.

– Ecoutez, venez chez moi pour discuter, ce sera mieux que dans la rue.

L’avantage avec les curieux c’est qu’ils se prennent à leur propre piège, ils veulent tellement savoir qu’ils balancent. J’accepte l’invitation. La casbah est pas trop mal tenue, ça respire pas la fortune mais pas la misère non plus. La rombière m’accueille avec la gauloise blonde au bec genre tenancière de claque. La toile cirée, le clébard qui vient se coller dans tes pattes, la photo des mouflets, les souvenirs des vacances à Tataouine – Les- Bains, manque dans le décor les patins pour le parquet. Ca sent le retraité de la fonction publique qui a voté socialo toute sa vie et maintenant en subit les conséquences. Ça sent aussi le mauvais café en dosette, je vois le coup venir, je vais pas y couper à me farcir cette daube infâme qui va me niquer les boyaux, bon y en a qui casquent un max pour boire du Star- Buck dans des gobelets en plastoc, suis pas encore arrivé à ce niveau de dinguerie,

– Vous prendrez un petit café?

Bingo, qu’est- ce que je disais ?

– Oui, merci. Heu, je ne vais pas vous importuner trop longtemps, c’est calme ici par rapport à certaines cités.

– Détrompez- vous, tout le secteur a été cambriolé, nous- mêmes aussi, pas vrai maman?

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1 Commentaire

  1. “retraité fonction publique “,,L autre jour ou j etais a pouris ,heu bamako ,une voisine hlm depuis 40ans au moins “quand meme quand ya le ramadan,quasi seule veuve blanche ,, !!”Alors ,,qui c était le facho ,le racisse ?Depuis 45ans que j explique ,,a ingrédients donnés ,,experiences x fois renouvellées =résultats identiques ,,voir le cas libanais ,,,La formule du crétin qui recomence toujours pareil et s etonne des memes resultats doit etre bien formulée par Enstein je crois .