Requiem pour un poisson rouge XXV

– Qui c’est ce Harry?

– T’occupe, un ex confrère. Passons aux choses sérieuses, ouvre la lourde.

J’avais vite vu que ces cons de flics avaient omis de foutre les scellés. Tout fout le camp! Le Quai des Orfèvres c’était plus sérieux à une époque, maintenant ils sont fringués comme des clodos, même les canailles ont plus d’allure. Faut dire que le personnel recruté est en adéquation avec la populace exotique.

Paulo a pas perdu la main, il a vite crocheté le bastringue. Telle Sésame la porte s’est ouverte, tout de suite l’odeur prégnante de poussière moisie nous prit à la gorge. Mon larron avait prévu le coup et amené une torche, on sent le pro.

L’intérieur de la masure est conforme à mes prévisions. C’est la taule pour prolo avec les commodités. Un escalier mène à l’étage et vers la cave, lieux où ont été trouvés les morceaux de barbaque.

Paulo semblait fébrile, il passait nerveusement le faisceau de sa lampe sur les objets qui parsèment la pièce qui fait office de salon.

– Qu’est ce qu’il t’arrive, t’es bien nerveux, t’as des vaps? T’excite pas, y a rien de valeur ici, que du mobilier et de la déco pour smicard endetté.

– C’est que j’ai pas envie que les flics rappliquent.

– Bordel, keep cool, suis auxiliaire de justice, ahahaha! Bon, visiblement y a rien d’intéressant ici, montons à l’étage. Ehh gros pas si vite, j’y vois que dalle, tu veux que je me fracasse, deux macchabs ça suffit. Je sais, on dit jamais deux sans trois mais suis pas candidat à la troisième place.

– Pardon chef, je pensais que vous étiez juste derrière.

Mouais, son explication m’est tout de suite apparue vaseuse. Maintenant que nous y sommes, c’est même topo qu’en dessous, deux chambres un peu spartiates avec commodes, armoires pour blaireaux et quelques bibelots. Paulo était affairé à fouiller le mobilier.

– Tu cherches quoi? Tu crois que vas trouver la carte au trésor?

– On sait jamais, on pourrait trouver des indices.

– Bof, regarde, rien de spécial, des fringues de mandigo, c’est pas avec ça que tu vas payer les vacances à bobonne et de toute façon les flics sont déjà passés.

Là- dessus, il n’avait peut- être pas tort, le boulot des flics j’avais comme un doute. Pendant que je causais, Paulo semblait hypnotisé par un costard pendu dans l’armoire, qui il est vrai dénotait par rapport au reste, j’avais comme l’impression de l’avoir déjà vu.

– Bon mec, rien de plus à tirer ici, on a fait le tour. On fait la cave et on crisse, pour la peine je te filerai 20 sacs, Margot est au courant.

– Vous êtes sûr, y a rien d’intéressant?

– Non!

Restait la dernière visite à la cave, le lieu du crime effroyable. Je vis au trait de lumière que Paulo tremblotait encore.

– T’en fais pas, on a encore jamais vu des spectres agresser des vivants.

– Ca fout les jetons d’être ici.

– Y a un peu de sang par terre, bof et puis bon, va savoir s’il n’a pas découpé les clients ailleurs et ensuite emmené la malle sanglante ici. Mince t’as vu?

– Quoi? Répondit- il angoissé.

– Ben regarde, du champ’, le mec a entreposé du champ’ et pas du tord boyaux pour départ à la retraite. Mon client a des qualités, un bon point pour lui. Je crois qu’on a fait le tour, j’en ai assez vu.

– Vous êtes sûr, chef?

– Affirmatif!

Tels des spéléos nous retrouvâmes l’air moins vicié de la commune.

– File au bureau, Margot te casquera.

– Je demande rien, je suis venu par amitié, pas pour le blé. Vous n’avez plus besoin de moi ?

– Non, à priori, c’est bon, merci pour ton aide.

Paulo qui me la fait désintéressé, une nouveauté, il a bien changé le gus. Alors que je le regardais s’éloigner, ça n’a pas loupé, un voisin m’interpella. Dans ces banlieues y a toujours un mec qui t’a à l’œil. Un retraité qui avec bobonne doit passer son temps à épier ses voisins, faut dire que mémère doit plus trop être baisable.

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