Requiem pour un poisson rouge XXIII

Et me voila reparti sur la route du pénitencier et j’y crois pas, je me farcis à nouveau les gros culs à vélo. Quelle engeance! Ils ont décidé de me les casser… Ni une ni deux, ce coup- ci je la fais à la Fangio, un dépassement serré, en leur hurlant :

– Allez vous noyez et ensuite vous pendre, connards! En sens inverse si vous le voulez.

Dans le rétro j’ai vu la trogne des gonzes qui ont failli valdinguer dans le fossé, dommage j’ai raté mon coup, de quoi ils se plaignent, ils sont écolos, aiment la nature, une bonne purée d’ortie c’est bon pour la santé.

Point d’arrêt, la maison d’arrêt, je sens que je vais encore me farcir l’autre gommeux de dirlo. Ben non finalement, c’est l’antillais de service qui me reçoit.

– Bonjour Maitwe, faut passer au powtique.

M’étant acquitté de ma tâche, je me rends vers mon rendez- vous.

– Vous sawez vot client il est spécial, il est pas kom les otwe.

– Ah bon, il mange pas halal?

– Non, cé ot chose.

Et en effet, c’était autre chose. Il est toujours aussi autiste.

– Bonjour je suis votre avocat, vous vous en souvenez?

– Va te faire foutre

– Certes, mais si vous voulez sortir d’ici, il faudrait qu’on discute un peu.

– Va te faire foutre, t’es un gros con

– Gros ? Non suis pas si gros.

– M’en fous de l’affaire, suis innocent.

– Je le sais, mais faudrait un peu m’éclairer parce qu’au tribunal ça risque d’être un peu limite comme argument, je me répète mais bon…

– Suis innocent.

La rengaine, le disque est un peu rayé. Quelle idée d’avoir pris ce dossier…

– je suis ok avec vous, mais faut étayer.

– Les poissons rouges, les poissons rouges.

– Ils font quoi les poissons rouges?

– Les poissons rouges, fallait pas y toucher.

– Quel rapport avec notre affaire?

– LES POISSONS ROUGES!

J’ai vite compris qu’à nouveau il était inutile de discuter plus longtemps, me voila bien avancé avec des poissons rouges. Peut-être un message codé sur un complot communiste, va savoir…

Deux jours sont passés, il est temps de retourner au bureau, la Margot doit être calmée. En effet elle ne fit pas cas de notre soirée mémorable.

– Tiens, vous êtes de retour.

– Je ne suis jamais parti, vous auriez été dans la merde sinon. Rien de neuf sinon?

– Les tropéziens ont appelé.

– Encore! Ils attendront, c’est dingue ces gens qui paient et veulent être servis. Par contre téléphonez à la juge pour le dossier foireux, je veux la voir.

– Y a du nouveau?

– Je pense.

La Margot est efficace pour la logistique, on appuie sur un bouton et hop on est servi, rendez- vous avec la juge pour le lendemain.

Palais de justice, j’en ai connu des juges, des roublards, des branlos, là je me tape la génération gonzesse hystérique. En effet c’est pas sœur sourire, encore que pas trop mal apprêtée elle pourrait égayer quelques gang- bang …

– Je vous fais grâce des salamalecs d’usage, entrons dans le vif du sujet.

L’autre pétasse binoclarde, le style je baise une fois par an et encore lumière éteinte, n’a pas soulevé les yeux durant mon baratin.

– J’aimerais un complément d’enquête.

– Encore faire durer la procédure c’est çà ?

– J’ai un client à défendre, c’est pas moi le législateur.

– hum, vous voulez quoi?

– Les deux défunts.

– Les victimes!

– Oui les victimes, un homme, une femme, visiblement on ne sait pas qui. J’aimerai que l’on fasse des analyses plus approfondies, par exemple l’âge, la corpulence, parce que dans le dossier c’est un peu léger, je veux pas dire c’est un peu bâclé.

Toujours bon de souligner les failles des enquêtes scientifiques, faut avouer souvent ils vont au plus vite, l’assassin étant connu, ils l’ont chopé il a encore l’arme dans la main, hééé oui c’est ça le quotidien du flic à la PJ.

– Et ça va vous avancez à quoi?

– A faire avancer la justice.

– Vous vous foutez de moi!

Tiens, un langage trivial pour une suceuse de joie !

– Pas du tout, je ne me permettrais pas, je pense qu’il faudrait approfondir la question.

– Hum, bon on verra, vous serez informé.

– Bien aimable à vous.

Faut vraiment en dire des conneries. Fin de cette entrevue, il est l’heure d’aller au caboulot pour en profiter pour mettre de l’ordre dans le cerveau.

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié apres contrôle.



Soyez le premier à commenter