Requiem pour un poisson rouge XXII

Bordel, j’ai plus de cigarillos, heureusement y a un tabac presse à côté du bastringue. Je vous dis pas l’accueil de la grosse parigote derrière le comptoir, le style vieille pute défraichie avec les cheveux jaunis et l’haleine qui va avec.

– Vous voulez quoi?

– Ben juste des Partagas mini.

– Lesquels?

– Vous êtes miro, vous avez la main dessus.

– Fallait préciser!

– J’y peux rien, suis allemand de descendance et mon grand père qui a connu Paris en 40 a toujours trouvé des commerçants serviables à l’époque.

– C’est 9.90.

Réponse abrupte sur un ton en adéquation, dès fois suis trop intello pour les radasses..

– Pouvez pas le faire à 9?

– Milord y a des clients qui attendent et si ça vous convient pas …

– Voilà la mornifle en bon reich mark, pardon Euro. Suis certain que la bignole a rien compris à l’allusion, faut pas trop demander à une souillon.

Je me suis vite tiré de ce piège à caves, à une époque je lui aurai mis une mandale, y parait que c’est plus dans les normes, faut respecter l’autre. Quelle ambiance typiquement parisienne, après ces cons s’étonnent de ne plus avoir de touristes.

Me voici en terrasse au bistro du coin, ça sent l’ambiance funéraire. Le barman est bien mis mais on sent que le moral est parti.

– M vous désirez?

– Une pression, qu’est ce qui vous arrive, vous avez une tête de demi- deuil.

– Faut avoir le moral, entre les attentats, la crise économique, cette mairie qui nous emmerde, les taxes. Et le personnel, je vous dit pas, ça devient l’enfer.

– M’en parlez pas mon brave…

– Rien qu’aujourd’hui, le patron attendait un serveur, ben il l’attend encore. Les gens n’ont aucune parole, ils se plaignent du chômage mais quand on leur propose du boulot, surtout dans notre activité, c’est tout de suite c’est payé combien? Les horaires? J’aurai les WE? Les vacances? Y a plus de conscience professionnelle monsieur, je sais pas où on va.

Moi je sais où j’aimerais aller…

– Faut boire pour oublier, c’est que je fais.

Et en effet c’est ce que j’ai fait dans cette caverne à croque- morts. Faut avouer que c’est l’ambiance générale dans ce pays , la morbiderie! Après avoir siroté quelques pressions j’ai mis les voiles pour rentrer au port.

Une nouvelle journée arrive après cette escapade chez les fins de race, La Margot a dû ruminer, elle se ferait ramoner de temps en temps ça lui éclaircirait le cerveau, bon c’est une gonzesse…

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