La mosquée Notre-Dame de Paris – 8

8 – Le chemin dans les ténèbres

« Père Lotaire, puis-je vous accompagner un peu ? »

Le prêtre qui venait de sortir seul par la porte auprès de laquelle se tenait Eugène Olivier, regarda le jeune homme sans le reconnaître. Ou l’avait-il tout de même reconnu ?

Il fit un signe de tête distrait, sans son habituel sourire de bienveillance.

« Je n’aime pas trop partager un chemin aussi périlleux, finit-il par dire. Aujourd’hui, je ne vais pas passer la nuit chez moi, dans l’abri anti-bombardements, mais dans le métro ».

C’était clair, même pour un enfant, qu’il lui fallait fréquemment changer d’asile de nuit.

« A quelle station voulez-vous aller ? ».

« Place Clichy ».

«Et vous ne croyez pas, père, qu’il vous faudra attendre demain pour dormir là- bas ? dit Eugène-Olivier avec intérêt. Vu l’heure qu’il est, vous n’arriverez pas à Clichy avant le matin ».

« A pied, bien sûr ». Le prêtre cette fois jeta sur son compagnon un regard plus attentif et un sourire effleura ses lèvres. Eugène Olivier, pour rien au monde, n’aurait voulu s’avouer qu’il attendait avec impatience ce demi-sourire d’encouragement. « Mais j’utiliserai un moyen de transport ».

« Dans le métro abandonné ? Un carrosse attelé de six chevaux blancs ou carrément de dragons ? ».

« Comme vous êtes tout de même romantiques, vous, les athées. dit le prêtre pour lui retourner sa pique. Tu verras. Bon, voilà ce qu’on va faire, mon jeune Lévêque. J’accepte que tu me tiennes compagnie mais à la condition que tu puisses toi aussi passer la nuit dans le même lieu. Dans ce cas, je n’irai chercher personne d’autre. J’aurai, sur place, besoin d’un coup de main ».

« Je suis prêt ».

Longeant la rue, ils dépassèrent un pâté de maison et s’engouffrèrent dans la station Bastille en se mêlant à la foule bigarrée des travailleurs du ghetto, des chômeurs, parmi lesquels une majorité de Noirs – grands amateurs d’aides sociales -, d’ouvriers turcs, les plus laborieux des habitants de la zone soumise à la charia.

Le métro de Paris, réputé au temps de ses belles années pour son inconfort et l’imbroglio de ses lignes, était livré à la crasse maintenant que la moitié du réseau était hors d’usage. Il n’y avait pas, bien sûr, à redouter un contrôle des billets, mais il valait mieux faire attention à ses poches. Les mendiants qui peuplaient par hordes entières les couloirs de correspondance, installés sous les cadres rouillés des panneaux de publicité, se transformaient prestement en voleurs à la tire. Des marmots pouilleux faisaient la manche.

Bien entendu, personne ne leur donnait rien, mais ils louvoyaient dans la foule à la recherche d’une éventuelle victime. Arracher au passage un sac à main était pour eux un jeu d’enfant.

Des panneaux indiquaient les directions en service, mais l’accès des tunnels désertés n’était même pas toujours interdit par une chaîne. Qu’importe, les Parisiens aisés n’utilisaient pas le métro. Les transports de surface, avec receveur, étaient considérés comme plus honorables.

Le père Lotaire et son compagnon se frayaient un chemin à travers un marché aux puces qui étalait sur des feuilles de journal, directement sous leurs pieds, amulettes et produits de contrebande. Eugène Olivier se prenait à redouter que quelqu’un, dans la foule, ne devinât qu’il croisait un prêtre. Peur idiote, le père Lotaire n’était pas plus identifiable comme prêtre que lui-même comme maquisard.

Ils descendirent du métro deux stations plus loin et, s’extirpant de la foule, ils s’enfoncèrent dans le trou noir d’un tunnel désaffecté.

« Et vous pensez qu’il est raisonnable, mon Révérend, de vous aventurer dans ces boyaux déserts ? ». Les yeux se réjouissaient de l’obscurité qui succédait à la clarté blafarde des réverbères et le silence, après la cohue, semblait assourdissant.

« Je parie que vous n’avez même pas de revolver ».

« Et à quoi me servirait-il ? ».

« C’est vrai, j’oubliais qu’il vous est interdit de tuer ! Et pourtant, on dit bien que c’est le repaire des assassins, voleurs, trafiquants de drogue et autres bandits ».

« Tu les a vus de tes yeux ? »

« Honnêtement, ça ne m’est pas arrivé ».

« Les dealers, souteneurs, voleurs et assassins se prélassent en plein jour à ne rien faire, là-haut, dans la zone de la charia. Le pourcentage de ceux qui se font pincer par la police est si infime que les criminels n’ont aucun besoin d’aller se terrer dans des lieux aussi inhospitaliers. La police attrape le nombre de truands juste nécessaire aux supplices publics de dissuasion comme trancher la main des voleurs. Quant aux autres elle se contente de les contrôler. Cela arrange tout le monde ».

« Les inquisiteurs, je pense, sont plus zélés ».

« Ils ont d’autres missions ». Le père Lotaire tira un objet de la poche de son bleu de travail. Quelques légers claquements, et un faisceau de lumière vive vint fouiller la gueule obscure des voûtes. « Toute mégalopole, même la plus artificielle, doit respecter, pour survivre, un subtil équilibre. S’il vient à se dérégler, elle est balayée par un ouragan meurtrier ».

Le terrain était glissant. Il fallait marcher de traverse en traverse en tâtonnant du pied.

« Au fait, mon Révérend, je voulais vous demander : que penser de cette affirmation des musulmans selon laquelle ils seraient meilleurs que les chrétiens puisqu’ « ils communiquent directement avec Dieu » ? Un bobard, sans doute, comme tout ce qu’ils racontent, de a jusqu’à z ».

« Bien vu, Eugène Olivier. En tant que matérialiste tu considères toutes les croyances des musulmans comme des billevesées. Mais si tu cherches à comprendre ce qu’il en est de leur foi et de celle de ceux qui en ont une autre, c’est que tu mûris. Celui qui reste enfermé dans le carcan de ses propres convictions sclérose sa pensée. Tout en restant matérialiste (le père Lotaire eut un léger sourire), tu prendras l’avantage sur eux, si tu les vois de l’intérieur et du point de vue d’un chrétien ».

« Je comprends. Mais il n’y a pas de quoi me féliciter. C’est Sophie Sévazmiou qui m’a conseillé de vous questionner. Alors, où est la bêtise ? ».

« Dis plutôt la tricherie, reprit le père Lotaire en souriant à nouveau. Il s’agit, en effet, d’un jeu de cartes biseautées, avec, en plus, un as que l’on tire de sa manche. Leur prétendu « entretien en direct avec Allah qui les différencie des chrétiens » n’est qu’une phrase retentissante et vide de sens, mais combien ces mots creux ont piégé de gens à la charnière de notre siècle ! Bon, reprenons depuis le début. S’adresser directement à Dieu est à la portée de tout chrétien, et même c’est son devoir. Cette adresse s’appelle la prière. Dieu entend ces prières. Peut-être les musulmans suggèrent-ils un dialogue ? L’homme s’adresserait à Dieu et recevrait une réponse. Mais raisonnons un peu : est-ce que n’importe qui est en mesure de percevoir de façon adéquate un message qui lui parvient depuis un principe inaccessible, désespérément inaccessible à notre faible entendement ?
Il y a de quoi devenir fou. Comprends moi bien : ce n’est pas le Seigneur qui refuse de répondre aux simples mortels, mais ceux-ci qui ne sont pas capables d’embrasser la Vérité.
Il se trouve pourtant des mortels pas ordinaires qui – disons comme ça pour que tu saisisses – possèdent un certain entraînement. Ils mènent un combat incessant contre leur nature pécheresse, toutes leurs pensées, tous leurs désirs sont tendus vers l’intelligence de la Vérité. Nous les appelons des saints. Et ces saints justement reçoivent parfois une réponse. Ils ont des révélations et des visions, ils perçoivent beaucoup de ce qui est hors de notre portée. Les musulmans, eux, prétendent qu’ils sont tous aptes à un « dialogue sans intermédiaire ». Il suffit à ces pécheurs, dévorés de toutes les passions de réciter la formule de leur prière ».

« Cela veut dire qu’ils marmonnent dans leur barbe et qu’ensuite ils se mettent dans la tête qu’ils ont entendu une réponse d’en-haut ? » ricana Eugène-Olivier.

« Dans le meilleur des cas, oui, répliqua vivement le père Lotaire. Dans un cas très favorable, il en est bien ainsi. N’oublie pas qu’existe aussi un certain personnage au plus haut point friand de dialogue avec les êtres non entraînés ».

« Vous voulez dire, le diable ? »

« Naturellement. Mais ce n’est pas le seul problème. En contradiction avec eux-mêmes, ils placent entre eux et, j’hésite à le dire, Dieu des tierces personnes qui assument certaines fonctions. Tous ces imams, mollahs, cheiks, à quoi servent-ils donc ? ».

« Alors quand ils déclarent à tout bout de champ qu’ils sont meilleurs que nous parce que nous avons un clergé tandis qu’eux, ils « communiquent directement », ça n’a aucun sens ? En fait, ils ont bel et bien un clergé ? ».

Le père Lotaire fit semblant de ne pas avoir remarqué les « nous ».

« Cela n’a pas de sens, mais ils n’ont même pas un clergé, dit-il en appuyant sur les mots. On ne peut convenablement comparer un imam musulman qu’à un quelconque pasteur protestant ou à un prédicateur baptiste. Mais pas à un prêtre. Vois-tu, EugèneOlivier, le christianisme, le christianisme authentique et non ses profanations tardives et hérétiques, repose sur un mystère. Et l’islam rejette le mystère dès ses origines ».

« Qu’est-ce que l’islam alors ? ».

« De la magie, comme dirait les enfants. Le ministère du prêtre, indispensable au chrétien, n’a pas de raison d’être dans l’islam ».

« Changer le pain en Chair, le vin en Sang, c’est ça ? »

« Oui, principalement. Tu sais, mon jeune Lévêque, il est facile de dénoncer une idée extravagante. Par contre quand, dans la même affirmation, se superposent plusieurs inepties, tu n’imagines pas combien il est compliqué de la démêler en termes clairs.
Justement cette formule « les musulmans communiquent avec Dieu sans intermédiaires » est délirante à plusieurs niveaux. Mais, je le répète, bien qu’elle soit dépourvue de tout contenu, cette phrase tonitruante a fait beaucoup de dégâts à l’époque où ils se donnaient encore la peine de chercher à convaincre par des mots. Mon Dieu, combien de fois l’humanité s’est-elle laissé piéger par les mots au cours de son histoire ! Une stupidité ressassée à l’infini agit plus sûrement que n’importe quelle incantation ».

« Je n’aurais jamais pensé que d’aller farfouiller dans leur cervelle, chercher à comprendre ce qu’ils ont dans la tête, pouvait être une occupation aussi intéressante. J’aurais juré que le jeu n’en valait pas la chandelle ».

Le faisceau de la lampe torche que tenait le père Lotaire tantôt butait contre des obstacles rapprochés, tantôt s’allongeait lorsque l’espace s’élargissait. Dans les souterrains du métro régnait comme toujours une chaleur étouffante et humide.

« Pour parler crûment, je dirais que leur représentation du monde est, dans une certaine mesure, plus proche de la réalité que la tienne ».

« Ah, bon… »

« Avec quelques réserves, bien entendu ».

Le prêtre fit comme s’il ne remarquait pas l’indignation de son interlocuteur.

« Le cadi que j’ai fait sauter ce matin croyait que, juste après sa mort, il allait faire l’amour avec soixante douze houris ».

« Je ne peux pas le garantir, mais, vraisemblablement, ses attentes ont été comblées ».

Eugène Olivier éclata de rire.

« Si tu crois que je plaisante, eh bien, tu te trompes ». A l’intonation de sa voix, Eugène Olivier comprit soudain que le prêtre parlait en effet sans l’ombre d’un sourire.

« Tu sais qui sont les houris ? »

« Des beautés à couper le souffle que ne ternissent ni la poussière ni la boue ».

« Ajoute aussi qu’elles n’ont pas de règles, qu’elles ne vieillissent pas et qu’elles ne tombent pas enceintes. Aucune source musulmane crédible n’indique que ce sont des femmes confessant l’islam qui se transformeront en houris après leur mort. Certains exégètes modernes ont tenté de le suggérer, mais c’est un pur artifice tiré par les cheveux. Les houris ont été créées houris dès l’origine. Ajoute qu’elles sont insatiables sur le plan sexuel ».

« Ce sont des élucubrations dégoûtantes, rien de plus ».

« Le Moyen âge, peu familier avec l’islam, nous a laissé des descriptions assez détaillées de démons appelés succubes et incubes. Dieu merci, nous n’aurons pas à nous intéresser à l’incube. Mais le succube, par contre, doit retenir toute notre attention. C’est un démon ayant revêtu l’apparence d’une femme qui cherche à s’accoupler avec les hommes. Je dis bien un démon femelle, et non une femme. Forniquer avec un démon tourne toujours mal pour un mortel… ».

« Vous voulez dire que houri et succube, c’est la même chose ?

Eugène Olivier avait l’impression que le père Lotaire commençait à dérailler sérieusement.

« Je veux dire que le diable, en général, tient ses promesses, coupa le prêtre d’un ton cassant. Il dit : « Tu auras la possibilité de faire l’amour avec soixante douze beautés aux yeux noirs ». « Formidable », pense l’homme sans avoir l’idée de se demander : est-ce que j’en tirerai du plaisir ? Mais au moment où l’une des douze portes de ce merveilleux séjour s’ouvrira devant lui, il sera déjà trop tard. Trop tard pour crier quand l’une de ces beautés aux yeux noirs se saisira de lui et l’assouvira de volupté jusqu’à plus soif et qu’ensuite une autre lui succédera et que, si les forces viennent à lui manquer, il lui faudra ingurgiter une portion de bœuf du pays qui décuple la virilité, et mastiquer au plus vite car une troisième lui ouvrira déjà les bras… Et ainsi éternellement, sans pouvoir supplier ni crier grâce, un accouplement permanent, ininterrompu, effrayant ».

« C’est bien cela que tu voulais, n’est-ce pas ? C’était pour toi la récompense suprême ? Tu as tout fait pour la mériter ? Eh bien jouis-en maintenant, jouis-en à satiété ! ».

« Vous croyez à cela pour de bon ? ». Eugène Olivier trébucha contre une traverse, mais se retint de tomber.

« Tout ce à quoi nous sommes actuellement confrontés est depuis longtemps décrit, depuis longtemps énoncé. En vérité, il n’y a rien de nouveau sous la lune. Tiens, à propos de lune. Crois-tu que ce soit par hasard que nous ayons un calendrier solaire, alors que le leur est lunaire ? La lune est un astre mort, contrairement au soleil, source de vie. Tous les adorateurs du diable, depuis l’origine des temps, vouent un culte à la lune ».

« Vous considérez qu’ils adorent le diable ? »

Eugène Olivier étouffa un sifflement qui aurait retenti de façon par trop déplaisante dans les ténèbres environnantes.

« Je ne peux pas l’affirmer dans la mesure où eux-mêmes ne le prétendent pas, répondit le père Lotaire d’une voix tendue. Mais je ne peux ignorer les signes qui doivent alarmer un prêtre chrétien. Si l’on me dit qu’au paradis l’homme est accueilli par des êtres dont la description rappelle fort celle des succubes, je suis tenu de me demander : est-ce bien le paradis dont on parle ? Cela évoque plutôt l’enfer. Si l’on présente la lune comme emblème principal d’une religion, comment puis-je ne pas me souvenir que le culte de la lune est indissociablement lié au satanisme ? ».

« Pour être franc, je ne peux imaginer que l’on puise croire sérieusement à Satan, à l’enfer, et même au paradis. A mon avis ils sont tous des toqués, des fanatiques à qui il manque un grain. Et voilà que vous aussi…excusez moi, mon Révérend, mais je ne veux pas mentir ».

« Ce n’est pas grave. Voyons, il me semble que ce machin se trouvait dans le secteur….Bravo, le voilà ! Nous allons poursuivre notre route avec tout le confort ».

Le faisceau de lumière fit surgir des ténèbres un wagonnet muni d’un long manchebalancier qui n’était pas sans rappeler les balançoires pour enfants.

« Super ! Une draisine en état de fonctionnement ! Vous avez raison, mon Révérend, c’est un véhicule de luxe ».

« On va la faire passer sur la voie principale ». Le prêtre, pour se libérer les mains, fixa la lampe torche sur son bleu de travail. « Une minute, je change l’aiguillage. Et maintenant, allons-y ! ».

« Ouf ! » Eugène Olivier sauta sur l’étroite plate-forme « Mais vous, comment auriez vous continué votre route, si vous aviez été seul ? A pied ? ».

« Non, pourquoi ? J’aurais fait la même chose »

« Vous auriez pu manœuvrer le balancier sans aide ? » demanda Eugène Olivier d’un ton dubitatif.

« Cela n’aurait pas été la première fois. Quand j’étais au séminaire, on insistait beaucoup sur le sport. Bonne habitude, comme je ne cesse de le constater ».

La draisine insensiblement prenait de la vitesse.

« Alors qu’est-ce que tu voulais dire à propos de ce grain qui me manquait ? »

« Je n’ai pas dit ça ».

« Qu’est-ce que ça changera si tu utilises à mon égard des expressions plus feutrées qu’à l’adresse des musulmans ? ».

« Vous avez raison. Mais, père Lotaire, vous ne…vous ne jouez pas un jeu ? Je peux comprendre que vous aimiez beaucoup la messe, et aussi que, tant que vous vivrez, vous ne tolériez de personne qu’on vous interdise de la célébrer. Je peux comprendre que le christianisme fasse à ce point partie de votre culture que vous soyez prêt à mourir pour lui. Mais, pour le reste, pour ces plaisanteries… le diable, je ne sais quoi, les démons, les anges, le paradis, l’enfer… Je pensais que même les prêtres, depuis belle lurette, considéraient tout ça comme des symboles ».

« Les générations de prêtres catholiques qui considéraient le diable comme une figure de rhétorique appartiennent au passé ! dit sèchement le père Lotaire entre deux poussées sur le levier de propulsion. Je pense qu’ils dissertent maintenant dans cet enfer même qu’ils tenaient pour une figure de style, ces prêtres du vingtième siècle ! Par leur faute, l’Eglise de Rome est tombée, puis elle a cessé d’exister. Ils disaient, comme dans une anecdote stupide : « vous aussi vous avez raison, bien sûr vous avez raison, raison à votre manière ». Tous les peuples vont à Dieu, chacun selon sa voie propre ! Et puisqu’il en est ainsi, la mission n’a pas de raison d’être ! Mais l’Eglise ne peut vivre, si elle perd la conscience qu’elle est l’unique réceptacle de la Vérité. C’est comme un œil privé de vue, un corps privé d’âme. Des siècles durant l’Eglise de Rome affirmait : je détiens seule la vérité ! Au vingtième siècle, rongée par le relativisme, elle a déclaré : chacun a raison à sa façon. Ce fut la fin du catholicisme, le néo catholicisme était né. C’est-à-dire une parlote humanitariste légèrement théâtralisée. Sais-tu ce qu’on nous enseignait au séminaire ? Si les Saintes espèces sont tombées par terre, le prêtre doit se mettre à genoux, lécher les dalles à cet endroit, ensuite aller chercher un burin spécial pour réduire en poudre la surface du sol à cet endroit. Cette poudre de pierre doit être à son tour recueillie, bref, bien d’autres précautions sont à observer… Tout cela peut sembler stupide, sauf à une condition. Il faut croire qu’il s’agit de la Chair du Christ. Mais si l’on considère que la parcelle consacrée est un substitut de la Chair du Christ, est symboliquement la Chair du Christ, alors rien n’empêche de la ramasser simplement et de la mettre dans sa poche, ni de fouler tranquillement cet endroit comme l’ont fait pendant près de soixante dix ans les néo catholiques. Encore mieux, les hosties qui restaient après la messe, ils les jetaient. Imagine un peu, ce Corps du Christ était de trop ! Aurait-on envie de mourir pour une hostie que l’on jette directement du ciboire dans la poubelle ? Ainsi quand advint le véritable ennemi qui se disait lui-même porteur de vérité et considérait en douce les catholiques libéraux si conciliants comme des idiots, personne ne voulut mourir. Et, à leur place, ce fut l’Eglise romaine qui mourut ».

« Pas tout à fait personne. Mon grand-père….il était…. tous, dans notre famille étaient servants d’autel à Notre-Dame. Il a été tué quand les wahhabites se sont emparés de la cathédrale. Il est mort pour Notre-Dame, et le prêtre s’est enfui ».

« Alors, comme ça, tu es le petit-fils d’un martyr ? Tu as de la chance, ton grand-père te garde ».

« Et pourtant, mon grand-père était un néo catholique, comme vous dites. Il assistait à la messe croupion sans latin, et, je pense, recevait l’hostie dans ses mains ».

« C’est un martyr, le reste est sans importance. Tu comprends, ce n’est pas à un laïc de décider comment on doit se comporter avec les Saintes Espèces, ou comment on doit dire la messe. Le Seigneur pardonne au fidèle qui a reçu une mauvaise instruction. Toute la responsabilité repose sur le clergé. D’ailleurs, le Seigneur a prodigué le courage à ton grand-père, et ne l’a pas accordé au prêtre. Au demeurant, des gens comme ton grand-père, ont été rares, très rares. Le néo catholicisme a dévoré la foi. La désinvolture vis-à-vis de la Communion, l’abandon des jeûnes, c’était trop de tentations pour les laïcs aussi ».

La draisine filait dans les ténèbres, le pinceau de lumière glissait trop vite pour que l’on pût distinguer quoi que ce soit en avant. Une pensée traversa soudain l’esprit d’Eugène Olivier.

« Un instant, père Lotaire ! Mais quel âge avez-vous donc ? ».

« Trente-trois ans ».

« Comment alors avez-vous été formé dans un séminaire ? »

Le prêtre éclata de rire sans cesser d’actionner le balancier en cadence.

« Oh, j’ai eu juste le temps de finir officiellement ma première année ! Et cela parce que mon séminaire n’était pas néo catholique. Ceux-là, on les avait tous fermés les uns après les autres deux ans plus tôt. Moi, j’ai encore pu entrer au séminaire de Flavigny, un endroit fabuleux où le monastère existait sous Charles Martel. Tu te rends compte, j’ai vécu entre des murs qui se souvenaient de l’époque où la France n’était même pas encore considérée comme « la fille aînée de l’Eglise » mais faisait tout son possible pour mériter ce titre ! Les pierres s’en souvenaient, je le sentais bien. J’avais à peu près ton âge, un âge où l’écoute intérieure est particulièrement fine. A la fin du XXe siècle, il va de soi que cet antique monastère n’intéressait plus personne. Le bâtiment fut mis en vente. Et quelques fils spirituels de monseigneur Marcel Lefebvre l’achetèrent pour le compte de la fraternité pastorale Saint-Pie-Dix. De même que les murs du séminaire d’Ecône en Suisse. Au début, les trois premières années de séminaire étaient dispensées à Flavigny, Ecône étant réservé aux séminaristes en fin d’études. Mais, à partir des années dix, il y eut un changement et Flavigny assura le cycle complet ».

Le père Lotaire se tut. Il venait de se souvenir soudain de son retour à la maison pour les vacances de Pâques, alors qu’il était séminariste et qu’il avait reçu quelques mois auparavant la bénédiction pour le port de la soutane. Dans sa chambre, si familière mais déjà devenue étrangère, il retrouva, installé sur le lit, l’ours en peluche tout râpé avec lequel il dormait quand il était enfant. L’ours était revêtu d’une petite soutane tout neuve avec son col romain : il n’y avait que sa mère pour faire un coup pareil ! Lotaire avait pris soin de refermer la porte avant de prendre l’ours dans ses bras. Eh oui, petit frère, de l’eau a coulé sous les ponts depuis le temps.

Seigneur, comme il avait pu être fier de sa première soutane de drap qui lui tombait sur les pieds, et comme elle était malcommode ! Surtout quand il s’agissait de jouer au foot. Les anciens de troisième année, pour le taquiner, lui faisaient peur : il lui faudrait faire aussi de l’alpinisme en « grande tenue » au cours de la sortie d’été du séminaire dans les Alpes.

Le vieil abbé Florian, qui avait connu Lefebvre de son vivant, prévenait : « Ou ça sera votre unique habit, ou vous ne vous sentirez jamais vous-même en le portant ! ».

Aucune concession au siècle ! La vie s’écoulait sans hâte sur un rythme médiéval. Pas de téléphones portables, Internet à la bibliothèque seulement. Une cellule minuscule, d’aspect assez rébarbatif, nonobstant l’antiquité des lieux. On aurait dit la chambre de quelque hôtel borgne plutôt qu’une cellule de monastère. Deux murs, à vrai dire, et non pas quatre. Un panneau était occupé par la fenêtre, un autre par la porte. Une table, une chaise, un lit, une armoire et un lavabo miniature dans un coin. Douches communautaires et en guise de peignoir, la soutane à même le corps. Interdiction de garder des provisions, fût-ce du café soluble ou du thé en sachets. Le médecin avait recommandé à son condisciple, Philippe Quimbert, de boire du thé fréquemment. On l’autorisa officiellement, non à installer une bouilloire dans sa cellule, mais à se rendre aux cuisines en dehors des horaires réglementaires pour se préparer du thé à volonté.

La cellule était si étroite que deux personnes auraient eu du mal à s’y tenir côte à côte sans se donner des coups de coudes. Si un camarade te demandait l’autorisation de consulter tes livres, tu pouvais bien sûr la lui accorder, mais, après l’avoir introduit, il ne te restait qu’à attendre sur le seuil de la porte qu’il fasse son choix, et mieux valait, au cas où les recherches se prolongeraient, te trouver une autre occupation en attendant. Car impossible de coexister. La règle des monastères cénobitiques, qu’avaient adoptée tardivement les séminaires, n’avait pas été conçue par des benêts.

«Il n’est pas de discipline que l’on ne puisse assimiler avec des livres, répétait l’abbé Florian. Et ce n’est pas pour le bagage intellectuel que vous avez besoin de six ans au séminaire ».

Bien sûr, il exagérait un peu, l’abbé Florian. Il y avait tout de même une matière où les livres étaient inutiles : c’était la liturgie appliquée.

La première fois qu’il s’était trouvé dans cette salle exiguë, Lotaire avait pensé qu’il s’agissait d’un oratoire intérieur. Pourquoi, dans ce cas, boucler la porte, la cadenasser et en interdire strictement l’accès aux laïcs ! On se serait cru chez Barbe Bleue, ma parole !
La raison ? C’était la présence d’un autel, d’un tabernacle, de cierges, de tout ce qui est nécessaire à la célébration de la messe.
L’autel était simulé, le calice, factice. La chapelle miniature, destinée à l’apprentissage.

« Plus haut l’encensoir ! Plus bas ! Pas comme ça, vers le bas pour commencer ! Pas si ample le geste ! On recommence ! ».

« Oremus »

Non, depuis le début !

« Oremus »

Encore !

« Oremus ».

Et ainsi vingt fois de suite.

Tout le reste, il avait bien fallu par la suite qu’il en achève l’étude dans les livres : la théorie liturgique et l’homilétique, la théologie dogmatique et morale, le latin et quelques rudiments de grec ancien. Mais les livres ne servaient à rien pour affiner le mouvement des mains ou de l’encensoir, pour redresser la stature, pour discipliner la démarche.
Encore heureux qu’il ait pu bénéficier au moins de cette unique année. Une année de régime militaire, une année de caserne, quand toute la force de la volonté est sollicitée pour s’abolir elle-même. Comme peut être monotone, pesamment prosaïque le quotidien d’un veilleur du Saint Graal. Le romantisme de la vocation s’épuise vite. On disait que pour quinze à vingt postulants qui entraient à Flavigny chaque année, il n’y avait que cinq à dix prêtres qui sortaient d’Ecône.

La journée commençait avant l’aube par la messe. A table, longues lectures des Pères de l’Eglise, interrompues, il est vrai, quinze minutes avant la fin du repas sur un signe du recteur, pour permettre les conversations particulières derrière un verre de vin. Ce quart d’heure n’était pas, du reste, le seul moment d’échanges dans la journée. Après le repas on disposait d’une heure pour se promener dans les jardins du monastère. Bien entendu, il était possible, une fois ou deux, de déambuler en silence, seul dans les allées. Mais le père modérateur te rappelait vite à l’ordre. « Un prêtre doit être ouvert aux autres. Ce temps doit être consacré au dialogue », disait à ce propos l’abbé Florian, lequel, soit dit en passant, avait été assassiné il y a cinq ans en Picardie.

En revanche, après complies, vers neuf heures du soir, tout contact était interdit. On entrait dans « le grand silence » jusqu’au matin. Toute parole était proscrite. Durant le Grand carême, des jours entiers étaient déclarés jours de « grand silence ». Même les séminaristes de service aux cuisines devaient communiquer par signes : avec une pomme de terre dans une main, on brandit de l’autre un couteau invisible : tu sais où ils sont ? On te désigne un tiroir d’un mouvement de tête. Non, pourquoi parler de caserne. Dans une caserne, personne n’a rien à faire de ta vie intérieure ni de savoir si tu passes ton temps libre tout seul ou avec un camarade d’élection, ce qui n’était pas du tout apprécié au séminaire.

De la fierté pour le bien de la cause : j’ai été choisi, je fais partie des rares élus. De l’amertume qui empoisonne le quotidien : nous sommes trop peu nombreux. De cinq à dix prêtres par promotion, et cela, pour l’Europe entière ! Et parfois, il fallait partager encore avec l’Asie, et chaque fois c’était un pincement au cœur. Imaginez un peu : « A six heures du matin, je célèbre dans ma paroisse de Saint-Quentin, se plaignait un vieil abbé. Puis, je saute dans ma voiture (encore heureux que je n’aie pas à l’emprunter), et je file comme un pilote de course pour dire ma seconde messe à Guize. De là je fonce à Laon, et c’est 113miracle si je puis commencer la Liturgie avant midi. Je déjeune à Laon, bien que, je dois l’avouer, j’ai du mal à prendre le volant à Guize sans une tasse de café. De plus, malgré cette vie de forçat, jeunes gens, n’allez pas vous consoler en imaginant que notre travail est particulièrement requis. Non, ce n’est pas la surabondance des fidèles qui est en cause, mais le peu que nous sommes ! Il y a un nombre infime de catholiques, et de pasteurs encore moins ».

Mais Lotaire était prêt. Il était prêt à bien d’autres amertumes qu’évoquaient l’abbé…Mon Dieu, comment donc s’appelait-il ? L’abbé Beulef ! Il s’attendait à aller officier dans quelque vieux hangar, en passant, pour s’y rendre, devant une superbe petite église baroque transformée en centre touristique avec musée et boutique de souvenirs, ou pire encore, devant un sanctuaire de style pseudo gothique ou pseudo classique «ne présentant d’intérêt ni architectural ni historique » et transformé en mosquée « pour répondre à la demande de la population ».(65) On l’avait averti, et il était prêt.

Par contre personne n’était prêt aux évènements qui mirent fin à ses études. Les troupes gouvernementales avaient encerclé Flavigny durant la messe, en sorte que leur manœuvre passa inaperçue. Mais cela aurait-il changé grand-chose que les séminaristes se soient rendu compte de ce qui se passait avant l’irruption des soldats dans les cellules, les couloirs les salles de cours ? C’est vrai, on aurait pu se barricader, tenir le siège quelques jours. Mais même dans ce cas, la presse n’aurait pas réagi. Bien sûr, les fidèles auraient afflué, auraient campé sur place avec enfants, croix et icônes. Et plût à Dieu qu’il n’y ait pas eu de victimes. Flavigny fut liquidé sur ordre du gouvernement, et l’exécution en fut confiée à l’armée, composée alors aux deux tiers de musulmans, des Français non croyants constituant le tiers restant. Ces derniers écarquillaient les yeux sur les soutanes des résidents, comme s’ils étaient des sauvages de tribus exotiques, et se marraient ouvertement.

Tandis que les professeurs emballaient à la hâte les objets de culte pour les soustraire à des manipulations sacrilèges, un diacre envoya Lotaire chercher des cartons vides et de la ficelle. Il devait y en avoir une bonne réserve dans la resserre du premier étage se souvint Lotaire qui avait déballé lui-même, trois jours auparavant, des paquets de papier pour imprimante et des fournitures scolaires livrés du dépôt. Il grimpa l’escalier quatre à quatre.

Il trouva les portes de la « chambre de Barbe Bleue » grandes ouvertes. Deux gaillards avaient pris possession des lieux, deux Français à n’en pas douter. L’un, affalé par terre, buvait du coca-cola dans un calice, la bouteille vide traînait à côté. L’autre, curieux, retournait entre ses mains le « tabernacle » arraché à l’autel factice. Lotaire pénétra dans la pièce, sans savoir vraiment ce qu’il allait faire, et il éclata de rire. Ces deux là imaginaient, visiblement, qu’ils dévastaient une chapelle. Les démons leur infligeraient-ils un gril un peu moins ardent en raison de leur bévue ?

« Eh toi, qu’est-ce qui te fait rire, s’étonna, ahuri, un des soldats en se relevant. Qu’est-ce qui te prend, curé ? ».

« Je ne suis pas encore curé, répliqua Lotaire en envoyant avec plaisir un direct dans la mâchoire avalée du militaire, par contre, toi, tu es déjà un crétin ».

Mais combien, tout de même, cette unique année à Flavigny, (prolongée, pour être exact, jusqu’en septembre) avait été cruellement insuffisante.

« C’est ici qu’il faut descendre et changer l’aiguillage ». Le prêtre arrêta d’actionner le balancier.

Eugène Olivier s’orientait parfaitement dans le réseau souterrain du métro, mais il faut reconnaître que le père Lotaire n’était pas moins expert en la matière. Bientôt, ils reprirent leur marche dans les ténèbres.

Mais jamais Eugène Olivier ne s’était senti aussi mal à l’aise, aussi démoralisé dans l’obscurité protectrice et sûre de ces tunnels. Peut-être parce qu’une idée le hantait qui ne l’avait jusqu’alors jamais effleuré : il s’imaginait être un musulman. Et même pas un musulman de nos jours, mais un de ces chahids qui étaient si nombreux au début du siècle quand l’islam commençait à établir son empire sur la moitié du monde. Il se voyait, avec une bande armée de lances flamme, faire irruption dans un jardin d’enfant, en plein milieu d’une fête amusante, disons Mardi gras, quand les bambins se barbouillent le visage entre eux avec du charbon et des aquarelles en faisant la ronde et en se gavant de crêpes. Et tout d’un coup, les marmots sont devenus des otages et l’on peut annoncer que pour tout insurgé blessé, on en exécutera trois ou cinq, en fonction de l’importance de la prise. Et l’on peut poser des conditions à remplir sous peine d’autres mises à mort d’enfants. Par exemple, d’abolir la loi de restriction sur le port du hidjab. (Car c’est bien ainsi qu’ils avaient obtenu gain de cause. Après deux ou trois opérations de prises d’otages, nos grands-parents, exigèrent eux-mêmes du gouvernement qu’il cesse de faire prendre des risques à leurs enfants. Peu importe la tenue dans laquelle les musulmanes iraient à l’école…). D’abord, les menaces, ensuite pour terroriser davantage, un premier enfant est abattu d’un coup de revolver sous le regard de ses camarades, qui ont trop peur même pour pleurer. Puis on relâche un otage, choisi arbitrairement, et on le munit d’un cliché au polaroïd du petit cadavre en gros plan, destiné au monde extérieur. Mais ils savent aussi que tout accord conclu peut être déclaré nul et non avenu après la libération ou le massacre de tous les otages. Ils n’ont qu’un seul but : épouvanter, briser. C’est pourquoi, en fait, ils sont prêts à mourir. Peut-être bourrés de drogue, mais tout de même plus ou moins conscients, ils sont prêts. Celui-là, souillé de sang innocent, téléphone chez lui, quelque part aux Emirats, pour dire adieu à sa mère et l’informer qu’il rejoint Allah. Sa mère appelle sur lui toutes sortes de bénédictions et lui annonce, entre autres, qu’elle a déjà invité plusieurs personnes à « ses noces avec les filles du ciel aux yeux noirs ». Il tombe enfin sur le corps de ses victimes. Et après ? Il y a-t-il un après ?

Qu’il y en ait ou non, peu importe. Le principal, c’est qu’il croit, lui, qu’il y en a un. Lequel ? Des portes s’ouvrent devant lui qui mènent en un lieu où coulent quatre rivières. L’une, de lait, une autre, de miel, la troisième, d’eau, et la dernière, par parenthèses, de vin. Fallait-il vraiment tuer des enfants pour avoir du miel gratis ? Peut-être bien, selon lui. Oh, comme il est difficile d’entrer dans ses vues ! Et voilà que s’avancent vers lui ces filles aux yeux noirs, toute une foule, toutes aussi belles les unes que les autres, toutes avides de pratiquer avec lui les jeux de l’amour…. Y aura-t-il un échange de paroles pour entrer en matière ou alors, tout à trac comme on dit, on se met au travail ? Mais savent-elles seulement parler ? Et de quoi ? Ce ne sont pas des êtres humains. Elles ne sont qu’un sexe, qu’une bouche vermeille, que mains blanches, trop blanches, d’une blancheur cadavérique, lunaire, des mains avides, rapaces….Elles n’ont pas la vie, c’est donc qu’elles sont mortes…

Hélas.

Eugène Olivier secoua la tête pour dissiper ces terrifiantes visions.

« Eh bien, nous voilà rendus. », dit le père Lotaire.

(65) Ici, nous quittons déjà le domaine de la fiction, bien que des cas de bâtiments religieux proposés à l’usage de mosquées n’aient été relevés, pour le moment, qu’en Allemagne. Notons cependant qu’en France, les autorités préfèrent laisser les sanctuaires tomber en ruine plutôt que de les mettre à disposition des catholiques traditionalistes. Toutes les vieilles églises que possèdent actuellement les traditionalistes en France ont été acquises au prix d’énormes sacrifices financiers consentis par les paroissiens.

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