Opération Borodine – 3

TROIS

Paris. Mise en application de l’état de siège. Le trafic est quasi inexistant. Gaétan a l’impression de circuler en plein mois d’août. Un premier checkpoint, situé à la TourMaubourg le ralentit.

Deux véhicules de l’avant blindés, un char de combat et trois blocs de béton barrent l’accès. Six militaires évoluent calmement entre une muraille de sacs de sable, leur base de retranchement, et les voitures qu’ils contrôlent. Comme Pauline, Gaétan s’étonne que l’armée utilise une technique de protection aussi rudimentaire qui lui rappelle son voyage d’études à Sarajevo quand il était jeune élève de l’ENA.

Comment la France en est-elle arrivée là ? Les véhicules militaires déployés en plein Paris lui font l’effet d’une « fin du monde » tout à fait probable. L’ennemi est là, invisible. Quelle sera sa prochaine action ? Comment va-t-il frapper ? Depuis déjà deux ans, il redouble d’ingéniosité. Gaétan est persuadé que ce matériel militaire ne l’arrêtera pas, tout juste défigure-t-il Paris l’espace de quelques jours.

Sa femme a raison mais il refuse de l’admettre. Les mots « liberté, égalité, fraternité » n’ont plus de sens. Il n’y a plus de liberté, il n’y a jamais eu d’égalité et il n’y aura pas non plus de fraternité. Son « Vivre Ensemble » est un leurre.

Quatre voitures sont en train de se faire contrôler. Les militaires font descendre les occupants, effectuent des fouilles à corps, vérifient les papiers, les sacs, ouvrent lescoffres, remuent les sièges pour s’assurer qu’aucune cache n’a été aménagée puis glissent un miroir à roulettes sous le châssis. Cette opération dure une dizaine de minutes. Certains se font confisquer des objets personnels mais ne contestent pas, d’autres préfèrent rebrousser chemin.

Malgré son laissez-passer gouvernemental, Gaétan est quand même tenu d’attendre qu’un soldat se libère. Pour lui, la procédure est rapide : « Où allez-vous ? » et « pourquoi ? ».

Avenue des Invalides, il est le seul automobiliste à circuler. L’impression est si étrange qu’il s’arrête pour prendre une photo. Quelques chars d’assaut sont positionnés de part et d’autre de l’Esplanade.

Ce silence, ce vide… Un peu comme s’il y avait eu une attaque nucléaire et que personne ne soit autorisé à sortir.

Il traverse les checkpoints du Pont Alexandre III, du Grand Palais et de la rue Saint-honoré pour atteindre la Place Beauvau. Les Champs-Élysées, interdits à la circulation, sont transformés en une immense zone de stationnement pour véhicules blindés dont certains sont équipés de chenilles, le canon pointé en direction de l’Arc de Triomphe.

« Nous sommes en guerre, pense-t-il. Pauline a vu juste ».

Au ministère, la vie a repris son cours. Ses collègues discutent près de la machine à café. Une réunion est prévue à quatorze heures en raison de l’ultimatum posé par Ouroub al Islamioun.

Un ultimatum ? Quel ultimatum ? Gaétan n’est pas au courant. Que réclament-ils encore ? L’abrogation de la loi sur le foulard ne leur a-t-elle pas suffi ?

— Ils exigent la nomination d’un nouveau ministre de l’Intérieur. Ils proposent leur gourou, l’ancien directeur des Centres de déradicalisation.

— La France a six jours pour exécuter leur demande.

— Et sinon ?

— Ils accentueront leur action dans les lieux où il y a des jeunes : les universités, les boîtes, les cinémas, les restaurants, les bars…

Gaétan a en tête le bilan semestriel des attentats : plus de deux mille blessés dont une centaine en attente de prothèses. Chaque jour, le centre de rééducation de la Croix Rouge internationale confectionne des bras et des jambes mais les délais de fabrication sont longs.

Sa matinée n’est pas très productive : lecture de messages relatifs aux futurs projets du « Vivre Ensemble » qu’il dirige depuis trois ans, rappel des interlocuteurs qui cherchent à en savoir plus sur les revendications de l’organisation terroriste, nombreux cafés, haltes prolongées dans les couloirs… Le ministre lui-même a remarqué que ses collaborateurs accusaient le coup de l’état de siège.

La réunion de quatorze heures a lieu dans la grande salle située au sous-sol. Les tables forment un ovale disposé sur deux rangées. Les noms et fonctions inscrits sur des cartons-cavaliers indiquent l’identité de chacun. En dehors des ministres de l’Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères, de l’Industrie et de la Santé, figurent de hauts gradés des trois armées et de la gendarmerie, des membres de la DGSE, des unités du contre-terrorisme, des responsables d’ONG et un très grand nombre de directeurs d’entreprises françaises qui n’assisteront qu’à la deuxième partie de la réunion, notamment Vinci, Carrefour, L’Oréal, Michelin, EDF, Alstom et bien d’autres.Le chef d’état-major des armées, l’amiral Dutilleux, qui dirige le pays avec le président de la République depuis quelques heures anime la réunion. Il est épaulé par le ministre de l’Intérieur Gaël Le Dantec.

— Je pensais que c’était une réunion de sécurité, s’étonne Gaétan en apercevant les noms des chefs d’entreprise, mais cela ressemble plus à un business club.

Sa voisine lui glisse discrètement l’ordre du jour : « Première partie : l’ultimatum et la menace terroriste ; deuxième partie : la sécurisation des entreprises françaises ».

L’amiral Dutilleux regarde sa montre et commence la réunion alors que les participants en sont encore à chercher leur place.

— Fermez les portes, demande-t-il, d’un ton ferme.

Il rappelle que l’État français ne cédera pas aux revendications de Ouroub al islamioun et qu’il n’est pas question de nommer un proche des milieux salafistes à la tête du ministère de l’Intérieur.

— Nous ne laisserons pas une poignée de dégénérés incultes instaurer la charia sur notre sol, hurle-t-il dans un éclat de colère.

Moins belliqueux, il déplore que les Américains qui occupent tous les postes stratégiques de l’OTAN n’aient pas vu la nécessité d’activer l’article 5 de la Charte du traité de l’Atlantique nord.

— Soi-disant pour préserver leurs relations avec la Turquie, intervient Le Dantec.

— N’oublions pas qu’ils soutiennent l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, fait remarquer le ministre des Affaires étrangères.

Dutilleux boit plusieurs verres d’eau comme s’il essayait d’apaiser une exaspération grandissante tout encritiquant l’absurdité des thèses selon lesquelles l’adhésion d’un pays musulman au sein de l’Union européenne mettrait un terme aux attentats. Il note que leurs partenaires allemands, italiens, belges, néerlandais, pourtant très touchés par les actes terroristes ne partagent pas cet avis.

— Intégrer la Turquie dont le gouvernement est infiltré par les Frères musulmans reviendrait à appliquer la charia à l’ensemble du territoire européen, conclut-il.

Un silence passe.

— Comment devons-nous réagir à l’ultimatum posé par l’organisation terroriste ? demande Le Dantec.

— L’ignorer tout simplement, ordonne l’amiral.

— Sans mettre en garde la population civile ? s’étonne Gaétan.

— Des bombes explosent toutes les semaines, les Français partent travailler la peur au ventre… Expliquezmoi en quoi un communiqué changerait leur quotidien ?

Violaine Fanton, chargée de l’aide aux victimes, soutient la tenue d’une conférence de presse visant à expliquer la position de la France tout en valorisant l’état de siège en termes de sécurité.

— Ce serait leur mentir, fait l’amiral.

Les ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères lui adressent un regard chargé de reproches.

— Vous avez l’air surpris alors que vous savez tous que le ver est dans la pomme, s’énerve l’amiral.

— J’ai appris, en effet, qu’un certain nombre de militaires étaient fichés S, reconnaît Le Dantec, mais jusqu’à quel point estimez-vous cette menace réelle ?

— Au point de ne plus pouvoir compter sur la loyauté de nos forces armées, lâche l’amiral.Un malaise traverse l’assistance. Certains veulent comprendre pourquoi ils occupent toujours leurs postes.

— Parce que nos soupçons ne sont basés que sur des suppositions, intervient le patron de la DCRI, mais suffisantes pour que nous restions sur nos gardes.

— Et empêcher de jeunes musulmans d’être recrutés serait discriminatoire, note Le Dantec.

— D’autant que parmi eux on trouve d’excellents éléments, ajoute un gradé.

— Des femmes d’une loyauté exemplaire, affirme un autre.

L’amiral est plus circonspect. Un chagrin d’amour, de mauvais résultats, une médaille qu’on attendait et qui est décernée à un autre, une opération extérieure refusée et tout peut basculer.

— Pour eux, l’hydre de l’Islam n’est jamais très loin, dit-il. C’est une valeur refuge.

— Mais ceci est valable pour n’importe qui, réagit Gaétan. Tout Français « générationnel » peut se convertir et adhérer aux thèses salafistes.

L’amiral fronce ses épais sourcils.

— Français générationnel ! Serait-ce un terme de novlangue pour désigner le Français de souche ?

Un colonel de l’armée de terre allègue qu’un Français de souche embrasse la carrière militaire pour défendre des principes républicains alors qu’un Français issu de l’immigration maghrébine choisit l’armée pour la solde et les primes.

— Sauf s’il est officier, corrige un général. Les autres sont en effet tiraillés entre leurs deux cultures et leurs deux pays. N’oublions pas tout de même qu’ils sont tous binationaux.

— Quel paradoxe pour un militaire ! soupire Violaine.

Le Dantec regrette que les imams devenus fonctionnaires dans le cadre de l’Islam de France n’aient pas accepté une version moderne du Coran, expurgée des passages incitant à la haine interconfessionnelle.

— Je le dis et je le répète, fait-il, irrité. Tant que ce livre ne sera pas censuré il restera une bombe !

Son chef de cabinet lui rappelle l’ordre du jour. Le président de la République ne devrait pas tarder et chacun sait que ces sujets le fâchent, lui qui a fait de l’unité des peuples de France le sujet phare de son quinquennat. Mais le débat s’enflamme. Le chef d’état-major de l’armée de l’air se rappelle que les différences sont apparues dans l’armée quand le ministère de la Défense a créé pour les militaires musulmans des rations de combat hallal.

— Nous les avons poussés à se retrancher dans leur monde.

— Mais qu’avons-nous à leur reprocher ? s’énerve Gaétan. Notre pays est en guerre contre l’Islam politique non pas contre l’Islam pratiqué sereinement par douze millions de Français musulmans.

Le ministre de l’Industrie ne comprend plus du tout l’utilité de cet état de siège qui fait chuter les cours de la Bourse. Peut-il au moins garantir l’arrestation des terroristes ?

L’amiral est pessimiste mais n’a pas le temps de développer. Le président Fleuriot vient d’entrer et prend place à ses côtés. Comme beaucoup d’autres, il est favorable à la tenue d’une conférence de presse pour annoncer l’ultimatum d’Ouroub al Islamioun. Il propose d’intervenir personnellement mais pense que le message sera mieux perçu s’il émane d’une autorité militaire.Le Dantec se tourne vers un homme au regard très bleu, la quarantaine, dont le carton nominatif indique seulement qu’il appartient à la DGSE.

— Mon colonel, lui demande-t-il, comment évaluezvous en termes de risques l’ultimatum d’Ouroub al Islamioun ?

— La menace est très élevée, Monsieur le Ministre.

Le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge est également consulté.

— Et quels sont les pronostics du CICR ?

— Qu’ils mettront leur promesse à exécution, répond Erwin Bessler avec un accent suisse allemand très prononcé.

Il ajoute que le nombre de victimes n’a cessé de croître, s’élevant à 170 morts depuis janvier et plus de 3000 blessés dont trois cents sont en attente de prothèse, des chiffres qui se situent bien au-dessus de ceux que la France a publiés. De son côté, Violaine Fanton rappelle que les fonds d’indemnisation des victimes n’ont pas été augmentés et qu’il faudrait que la Commission européenne, désormais en charge du dossier, agisse au plus vite.

De hautes tables ont été dressées à l’extérieur de la salle pour la pause-café. Trois maîtres d’hôtel circulent entre les participants, proposant petits fours sucrés, café, jus de fruits et thé. Certains ne sont pas conviés à la deuxième partie de la réunion, comme le chef de la délégation du CICR qui prend congé. Les chefs d’entreprise, arrivés en avance, entourent le président. L’ambiance devient soudain très mondaine. Gaétan se rapproche du responsable de la DGSE.

— Vous dites que le risque d’une reprise des attentats est très élevé. D’après vous, quelle sera la cible ?

— Un TGV, une école maternelle et un hôpital.

Le manque d’hésitation du chef des services le laisse pantois.

— Vous avez l’air si sûr de vous…

L’homme lui remet sa carte et s’éloigne. Sans commentaire.

— Pas très sympa ce type, remarque Gaétan.

Il lit son nom sur la carte : « Colonel Arnaud Monnet, DGSE ». Sa fonction n’apparaît pas.

— Mais quel bel homme, fait Violaine, impressionnée. Il a le même regard que 007 !

Le président est attendu à une autre manifestation et regrette de ne pas pouvoir rester. Les participants le saluent et entrent dans la salle pour la deuxième partie de la conférence. Les chefs d’entreprise prennent place. Ils sont nombreux.

L’amiral, qui a désormais à sa droite le ministre de l’Industrie, en vient rapidement au fait. L’idée est de délocaliser les entreprises françaises afin d’éviter une baisse des titres en bourse et redonner confiance dans l’industrie française.

Le ministre propose le Royaume-Uni qui a accepté d’accueillir les entreprises françaises les plus performantes dans les grandes villes d’Angleterre. Les avantages sont évidents : la proximité et un effet rassurant pour les marchés financiers. Mais les PDG sont incertains et ne cachent pas leur inquiétude quant au risque de perte d’identité française.

— L’identité française en situation d’état de siège me semble un peu superflue, note le ministre de l’Industrie. L’important est de préserver nos billes. L’Oréal restera toujours français, Alstom et les autres aussi.

— Nous pourrions peut-être réfléchir à d’autres solutions, suggère l’amiral Dutilleux.

Quelqu’un émet l’idée d’un déplacement vers la Hongrie, ce qui permettrait de rester dans l’Union européenne et d’échapper aux attentats, les Hongrois étant parvenus à protéger leurs frontières de manière efficace.

Arnaud Monnet intervient :

— Il serait dangereux de gonfler l’importance d’un pays d’Europe centrale au sein de l’UE. Nous serions vite sous sa domination.

— Et pourquoi pas la Pologne qui partage de nombreux points communs avec la France, propose la directrice de L’Oréal.

— Et pourquoi pas Washington ! ricane l’amiral.

D’autres pays sont passés en revue, comme la Suède, la Finlande, le Danemark. Mais le ministre des Affaires étrangères pense qu’ils ne tarderont pas à quitter l’Europe pour créer une Union scandinave à part entière, à laquelle se joindront l’Islande et la Norvège. Un silence passe.

— Bon, si je comprends bien on n’a pas le choix, soupire l’amiral. Nous devons saisir la main tendue par la Perfide Albion !

Le colonel Monnet estime que le Royaume-Uni est une bonne solution de départ mais qu’il faut envisager un autre pays pour pérenniser sur le long terme l’identité française.

— Et que proposez-vous ? demande le ministre de l’Industrie.

— La Russie.

Des réactions sourdes fusent çà et là.

— L’idée me semble intéressante, dit le patron de Michelin. Nous sommes implantés chez eux depuis des années et tout se passe pour le mieux, d’autant que le français est devenu obligatoire depuis deux ans.

— Comme il l’était pour l’élite à l’époque des Tsars, confirme le représentant d’EDF. Les personnes éduquées parlaient mieux le français que le russe.

D’autres entreprises, également actives en Russie, partagent cet avis. Mais les antirusses réagissent.

— Livrer nos industries à un régime où les droits de l’Homme sont bafoués me semble une hérésie, s’indigne Gaétan.

— Les droits de l’Homme…, se moque l’Amiral, mais regardez plutôt à quoi ressemblent les droits de la femme dans certains quartiers de France !

— Le président russe est arrivé à développer cet immense pays où cohabitent en parfaite harmonie un nombre incalculable d’ethnies, poursuit le chef d’état-major de l’armée de l’air.

— Cent vingt-deux, mon général, précise le colonel Monnet.

— Et toutes les religions sont pratiquées dans le calme et la tolérance.

Une bonne moitié de PDG est favorable à l’idée, l’autre demeure opposée, relevant l’aspect mafieux et corrompu des autorités de la Fédération de Russie. Foncièrement antirusse, Gaétan relate des événements intervenus contre la communauté homosexuelle dans les provinces de la Fédération.

— Croyez-vous vraiment que la Gay Pride soit une priorité ? se moque l’amiral.

Cramoisi, Gaétan insiste :

— Des hommes d’affaires sont emprisonnés chaque jour, il n’y a aucune liberté de la presse…

L’amiral le fixe sévèrement. L’assistance suspend son souffle.

— Qui êtes-vous à la fin ? Un défenseur des causes perdues ou un Français simplement hostile à la Russie comme la majeure partie de nos compatriotes ? lui demande-t-il.

Gaétan se présente, la voix presque coupée : « Gaétan Fontaine, directeur de la Dimension du « Vivre Ensemble » au ministère de l’Intérieur.

L’amiral le toise.

— Énarque ?

— Promotion Jacques Prévert.

Le chef d’état-major des armées a une grimace qui en dit long sur le respect qu’il leur porte.

— Et bien moi je suis pilote de chasse dans l’aéronavale et comme tout pilote de chasse, je tiens les Russes en très haute estime, dit l’amiral.

Devant l’air ébahi qui se lit sur le visage de Gaétan, il ajoute :

— Nous avons avec eux une histoire commune qui n’est malheureusement pas enseignée dans votre ENA.

Puis il revient sur l’humiliation de la Russie par les nations occidentales qui a conduit, selon lui, à la dégradation d’une amitié légendaire. Il demeure persuadé que si la France avait fait les bons choix dans ses alliances, elle ne serait pas, à l’heure actuelle, inféodée à des islamistes. Fort mal à l’aise, Gaétan boit le verre d’eau que sa voisine Violaine lui a servi.

— Dans un premier temps, nous allons accepter la proposition de nos voisins britanniques, reprend l’amiralplus détendu, mais ensuite il faudra creuser du côté de la Russie.

Un PDG note que les Russes qui ont toujours été très francophiles respecteraient mieux l’identité française que les Anglo-Saxons.

— Après ce qu’on leur a fait subir, ils nous expédieraient au fin fond de la Sibérie ou en Extrême-Orient ce qui serait de bonne guerre, relève le président d’Essilor.

La directrice de L’Oréal en grelotte de frayeur, tandis que le ministre de l’Industrie conseille d’avoir transféré la majeure partie des sièges sociaux vers l’Angleterre avant la fin de l’ultimatum. Le ministre de l’Intérieur clôt la réunion en espérant que l’exil des entreprises françaises sera bref.

En sortant, l’amiral Dutilleux demande au colonel Monnet d’approfondir la solution russe et de le tenir personnellement informé. Se tournant vers Le Dantec, il lui conseille de dissoudre le « Vivre Ensemble » et de muter son directeur.

Gaétan a tout entendu et regagne son bureau un peu chamboulé. Violaine le rejoint.

— Comme il t’a allumé l’amiral !

— On en parle comme d’un homme ouvert mais, si j’avais su, je me serais abstenu de tout commentaire.

— Les droits de l’Homme il s’en tape, c’est clair.

— Que peut-on attendre d’un prorusse !

— En tout cas, ce qu’il nous a dit sur l’armée n’est pas du tout rassurant, avoue la fonctionnaire hors cadre.

— C’est très exagéré, rétorque Gaétan. Les partisans d’Ouroub al Islamioun n’y sont pas si nombreux.

— Mais le ver est dans la pomme.Ils ont marché jusqu’à leur café habituel dont la terrasse, comme toutes les autres, est condamnée en raison de l’état de siège.

— Que c’est triste, constate Violaine, en s’installant à l’intérieur.

Le patron est en train de passer la serpillière.

— Je ferme dans cinq minutes, dit-il. Le couvre-feu va commencer et la patrouille s’est postée à l’angle de la rue Royale. Je n’ai pas envie de me faire pincer le premier soir.

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