Requiem pour un poisson rouge XXXVII

– Le téléphone vous l’avez?

– Le spécial, oui?

– Filez- le moi, un dernier truc à faire.

Comme tous les cellulaires il fait appareil photo, en plus il a un flash. Quelques prises de vue histoire de compléter ma collection et la mission est remplie.

– Tenez, merci, je récupérerai demain les images. Je crois qu’il reste plus qu’à tout remettre en place et se tirer, surtout que l’horloge a tourné, il est plus de 4h et dans ces coins ils se lèvent tôt, c’est pas la population des cités.

– Partons, laissons les morts entre eux, occupons- nous des vivants.

Sur ces belles paroles nous prîmes le chemin du retour, visiblement personne n’a remarqué la caisse.

– Au fait, faudra me dire pour le défraiement.

– Vous rigolez! Les amis c’est sacré, et cette expédition m’a dégourdi les jambes, je me suis bien marré. Si vous avez d’autres plans je suis partant.

Il est bien le seul…

– Dans l’immédiat y’a rien de prévu.

Retour au bercail, attentat, état d’urgence, jamais ça n’a été aussi facile de circuler dans Paname. Un attentat quotidien ça fluidifierait le trafic et ça serait bon pour le bilan carbone.

XVI

Drrrinnggggg, driiiinnngggggggggg, booommm booommmm…

C’est quoi ce bordel ?! Quelle heure il est? 13.30, c’est vrai, bordel, on s’est radiné vers 6H et suis parti tout de suite chez Morphée. Merde, ça serait pas les flics? Non, j’entends l’hystérique.

On ne peut plus dormir tranquille dans cette contrée!

– J’arrive, j’arrive…

J’ai pas eu le temps de finir d’ouvrir qu’une furie m’a fait valdinguer et avec mon poids faut le faire.

– Vous- êtes là!

Hurla Margot. Oui c’était elle.

– Attendez, je vérifie.

– Quoi?

– Si je suis bien là, apparemment oui. Ca vous prend souvent de débarquer comme une foldingue chez les gens et d’ameuter le voisinage ? J’habite ici et suis honorablement connu. Ils vont se poser des questions, c’est pas parce- que l’immeuble m’appartient que vous pouvez faire n’importe quoi.

– Depuis hier je vous appelle, pas de nouvelles, votre répondeur est saturé.

Mince j’avais oublié ce putain d’attentat mahométan.

– J’ai même ameuté les commissariats et les urgences.

Et voilà l’initiative à la con, la margoterie dans sa splendeur, tout était parfait et la foirade arrive.

– Calmez- vous, vous voulez un thé vert ? C’est très bon pour la santé. Je vais tout vous dire, hier j’étais un peu fatigué, un début de rhume, me suis fait un grog.

– Du whisky au whisky !

Elle fait dans la provoc, pas une goutte depuis trois jours.

– Non, l’inverse, je suis parti direct au lit fin de soirée.

– En tout cas vous ne vous êtes pas préoccupé de moi, pas un appel.

– Le mobile, la batterie est à plat. Nous sommes vivants, c’est l’essentiel, sérieusement ni vous ni moi ne fréquentons ces lieux de sous- culture pour enseignants syndiqués. Vous me voyez à l’Odéon?

J’ai réussi à ramener un peu le calme dans la maisonnée.

– On peut s’enfiler un steak bien juteux avec des frites, des vraies, chez notre bouclard ? Nous sommes dans les temps.

– Pas envie.

Pas la peine d’insister, elle est dans les nerfs.

– Pas grave, j’irai tout seul.

– Pensez qu’à bouffer, votre client à appelé.

– Lequel?

– Le dossier Lecerf.

– Ah, qu’est- ce qu’il a encore, celui- là?

– M’a pas dit mais faut le rappeler d’urgence.

– Après le repas je l’appelle.

– C’est quoi ça?

– Quoi?

– C’est pourri chez vous.

En effet elle venait de repérer les restes boueux de mon expédition nocturne.

– C’est rien, c’est un voisin qui est venu, il est dépressif, sa femme l’a plaqué. J’ai jamais compris pourquoi les mecs partent en dépression quand leur gonze se tire, c’est plutôt un moment de libération et de fête.

– Je repars au bureau, heureusement que je suis là pour faire tourner la boutique!

– Et moi pour assurer votre paie.

Et elle claque la porte gaillardement. Reprenons nos esprits, où se trouvent mes ossements ? Ici, parfait. Le mobile le para me l’a aimablement laissé, faut dire que lui aussi était un peu fatigué, parfait aussi. Faut avouer, tout ça est un plus, vu la tournure des évènements ça peut servir toutefois.

Suis pas allé au bouclard, me suis fait rapido une plat de pennes sauce tomate maison, je l’avoue suis un expert dans ce domaine. Le père Prouvost je vais le laisser mijoter un peu. Entre- temps je vais contacter qui de droit pour mes prélèvements nocturnes.

Je vérifie juste que la Margot a bien transféré les numéros sur le portable, bordel ce con, sa batterie est vraiment à plat… Encore un lézard, dans cette affaire qui n’en manque pas.

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié apres contrôle.



Soyez le premier à commenter