Requiem pour un poisson rouge XXXIII

– Msieur Clemenceau vos flics sont devenus des cerveaux…

Tatataaaa, talalalaaa …

– Vous êtes en joie ce matin boss.

– Oui Margot excellente journée hier. On apprend un paquet de choses en visitant les agents immobiliers.

– Ou agente, je vois le style à gros poumons. Vous cherchez à déménager?

– C’est pas à l’ordre du jour, sinon vous êtes à côté de la plaque, c’était un mec et comme j’ai pas viré tantina comme les tafioles de cette ville…

– On sait jamais, sur le tard…

– Non ! Si ça m’arrive mettez-moi une balle dans la tête. Un vrai con quand même le type. Nous discutions affaire et comme toujours ça a dérivé.

– Aie aie… Je sens venir le pire.

– Le mec m’explique qu’il habitait un petit immeuble dans le 9.3, y avait deux familles de gnoules sur 10. Au début c’était bien et après musique arabe à fond, espaces communs dégradés. Courageusement il a déménagé en précisant bien qu’il adore la musique arabe.

Je lui ai répondu : je déteste la musique arabe, de toute façon ce n’est pas de la musique.

Si c’est pas un con dites moi ce que c’est, il est juste représentatif de cette masse de lopes que l’on croise tous les jours. Suis pas rasssiissttteee, je suis pour la diversité.

Bien, vous avez eu Ramirez au pays des merguez?

– Oui, il vient vers 15h.

– Pas la peine.

– Vous avez changé d’avis? J’annule.

– Pas d’initiative hâtive, filez lui rencard ce soir, même topo, même lieu que la dernière fois, il comprendra. Quand il y a de la thune il comprend toujours.

Moralité de tout ce cirque il va falloir que je me farcisse à nouveau cette banlieue crade. Le bon point c’est que probablement c’est la der des der. Avec du bol j’aurai avancé de 20 cases sinon j’aurai avancé quand même. C’est gagnant- gagnant comme te disent les étudiants d’écoles de commerce qui finissent comme chefs de rayons à pousser des chariots de merdaille dans les grandes surfaces.

Exceptionnellement je ne passerai pas ma journée à siroter mon houblon au bistroquet et à écouter les sempiternelles débilités des philosophes de comptoir. J’ai mon compte de ces suceurs de ratafia qui ressassent leurs sentences en permanence. Je tiens à avoir l’esprit clair.

Du coup je me suis retapé la lecture du dossier, des fois que…

Après un roupillon raide, l’heure est venue de lever le camp et partir à l’aventure. Margot n’ayant pas appelé c’est que Paulo a compris, il comprend toujours.

Bizarre, la circulation n’est pas trop merdique, l’horaire explique peut- être…

J’ai toujours pensé que les mecs qui achètent des 4/4 sont des cons, en fait non, ils ont raison, pour traverser la savane il faut ça. Le 9- 3 toute une aventure sauf que ça ne sent pas le sable chaud mais le kebab avarié. Nos politiciens sont des agriculteurs, ils ont planté du migrant et maintenant on récolte du musulman, c’est magique la nature.

Ouf, suis arrivé à destination, au bled, j’ai repéré une place un peu éloignée du lieu d’opération pour éviter d’éveiller les soupçonneux. Ex ville coco, les habitants ont gardé les bonnes habitudes soviétiques. Mon numéro de flic la dernière fois je ne suis pas certain de son efficacité à long terme.

J’aperçois au loin la silhouette du gros espingoin. Le rami toujours présent quand il faut là où il faut.

– Salut patron, on refait la baraque? On a loupé quelque chose?

– Non, on va en faire une autre.

– Z’êtes sûr?

– Le quartier me plait et je commence à prendre goût à la visite des bicoques, on sait jamais, une pourrait m’intéresser.

– Ah! C’est loin, suis à pinces.

– Et moi? C’est pratiquement en face de la première. Discrétos vu l’horaire, compris ?

– Ben quoi patron ! Vous me connaissez.

– Justement.

– J’ai le matos, tout l’équipement patron.

– Je n’en ai jamais douté. Il est probable que l’électricité a été coupée, des locataires qui paient pas, normal. De toute façon pas question d’illuminer le quartier, c’est pas encore Noël…

– Je comprends rien.

– Pas grave, personne comprend. Ca y est, nous y sommes, le 6.

– Le 6! C’était pas la dernière station?

Paulo qui a un éclair ! Dingue, non ?

– Le 6 bis c’était.

Pas certain que cette explication foireuse ait convaincu mon associé d’un soir. Paulo a une qualité, l’ouverture sans effractions, comme il a dit, il a le matos. Je surveille pendant qu’il intervient, la porte crochetée nous voici dans le vestibule. J’aurai dû faire archi de pavillons de banlieue, ils sont tous sur le même modèle, soviet union, les mecs avaient inventé le copier- coller avant M. Soft. Les yeux fermés suis capable de te désigner les pièces. Ca sent un peu le renfermé, un peu normal.

– Paulo , tu peux y aller avec la torche, qu’on y voie un peu dans ce foutoir.

Bizarrement, tout à l’air en ordre, propret, nous sommes dans le vestibule, à droite le salon, à gauche la cuisine et les commodités, en face l’escalier qui mène aux chambres et salle de bain et à côté de ce dernier la porte de la cave. Du grand classique.

Tout d’un coup, mon regard se fige sur un buffet qui est dans l’entrée, dessus se trouve un… aquarium… presque vide, l’eau qui reste stagne un peu sur un fond paysager de rocaille et gravillons.

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié apres contrôle.



Soyez le premier à commenter