Requiem pour un poisson rouge XXIV

Suis chez mon taulier habituel et devant mon hareng pomme à l’huile et le verre de Muscadet, je phosphore. Résumons le bordel, un client qui m’a l’air azimuté est accusé d’avoir flingué à la découpe deux pantes, un père adoptif, une mère cannée d’un cancer, un baron de mes couilles qui fait appel à moi parce que son fils est parti faire jihadi jidaho et dont la femme est cannée du crabe aussi et au milieu Paulo l’enflure. Et pour compléter tout ce merdier j’ai l’autre folle qui s’est faite tirer par un gnoule et qui veut récupérer ses gamins et des fraudeurs à la manque recommandés par Paulo.

En fait j’y vois plus clair, après m’être envoyé quelques verres de Muscadet.

– Chère secrétaire, appelez- moi Paulo la science.

– Cet escroc!

– Ne cherchez pas à comprendre, je maitrise.

– Vous pouvez pas l’appelez direct, vous avez le portable.

– J’aime les convenances et vous êtes payée pour.

Dingue ça, ce personnel qui réflexionne.

Milf ayant accompli son boulot, Paulo les emmerdes s’est radiné.

– Salut chef, vous avez besoin de moi?

– Oui une petite opération discrétos.

– C’est légal?

– Tu te préoccupes de la légalité maintenant? C’est pour mon dossier, tu sais celui dont je ne devais pas m’occuper.

– Ah, ok, vous attendez quoi de moi?

– Cherches pas, tu verras, viens avec du matos pour ouvrir des portes.

Le rendez- vous est donné à l’embrouilleur, il se pointera via RER et à pinces ensuite. De mon côté je pars avec la tire en expédition tropicale, comme Livingstone, à la découverte de l’Afrique profonde.

J’y songe, j’ai pas mes vaccins à jour… Tant pis faut bien prendre des risques.

Bondy, le 9.3, la banlieue rouge, enfin anciennement, désormais verte islam. En 60 ans ils sont passés du Kapital au Koran, évolution remarquable.

Me voici enfin arrivé dans ce bled, après avoir subi les lubies des débiles qui gèrent la voirie à coups de feux rouges asynchronisés. Parait que c’est pour lutter contre la pollution, quelle réussite ! Ils créent des embouteillages encore plus polluants pour t’expliquer que c’est pour ton bien. C’est vrai, je suis un mauvais citoyen, j’utilise ma caisse, pas les bétaillères collectivistes.

Ah, ça sent bon le front popu, rue Jules Guesde, Blanqui, Blum, c’est le retour des années trente… Les matins qui chantent, les conges- pés, les grèves et les panzers SS à l’arrivée. Encore que je suis pas sûr que ça ait déplu à tout le monde cette arrivée impromptu du rasé de près qui sentait bon la Kölnishwasser.

Manque juste la salle polyvalente Pablo Neruda. Quelle exaltation d’habiter Av. Gaston Defferre à Bondy… Faut le faire, une rue Gaston Defferre… si on regarde bien Bondy- Marseille y a des points de convergences.

Ca va encore, il est relativement tôt ce matin, les boubous et les saga africa sont pas de sortie. Quelques barres HLM rappellent l’apport inoubliable des urbanistes marxistes au paysage du pays.

St- Symphorien, j’y suis presque m’annonce mon copilote satellitaire de l’armée yankee.

La zone est pavillonnaire, c’est la réserve des blancs encerclés par Zoulou land et les ensauvagés.

Par précaution je me gare deux rues plus loin, mieux vaut marcher un peu, parait que c’est bon pour la santé, en tant qu’avocat je devrais éviter d’utiliser ce mot.

Le Paulo est déjà on the place, c’est démerdman, c’est pour ça que j’ai l’ai embarqué.

– Salut Paulo, un moment que t’es là? Ça devient infernal la circulation avec ces putains de bouffeurs de salade.

– Non, chef, je viens d’arriver, pile poil devant le 6.

En effet, la bicoque, la fameuse, est devant moi, drôle d’allure pour une charcuterie en gros. Le pavillon classique avec son jardinet et son étage, malgré tout faut avouer le populo était mieux logé à l’époque, c’est plus avenant que ces résidences, lieux de vie, conçues par des illuminés qui prennent bien soin de ne pas y vivre. Arrêtons de phosphorer.

– T’imagines Paulo, elle est peut- être hantée!

– Rigolez pas avec ça, chef.

Il m’énerve un peu avec son chef à chaque coup. Du « yes Sir » ça le ferait mieux. Paulo qui nous fait dans la mijaurée du bal des débutantes maintenant, c’est nouveau, il a viré tantine ou quoi ?

– Bon, t’as ton attirail du petit malfrat?

– Oui, mais je peux vous poser une question?

– T’as droit à une.

– C’est quand même risqué ce qu’on va faire, pas très légal, vous êtes toujours partant, vous pouviez demander au juge l’autorisation?

Paulo qui me fait un cours de procédure pénale, c’est le monde à l’envers, je vieillis vraiment… J’entrave plus que dalle à ce monde…

– T’occupe, c’est pour faire avancer la justice et éviter qu’un innocent soit condamné. Il est toujours bon de connaître la scène du crime, comme l’aurait fait Harry Dickson. Le juge pas sûr que j’aurais eu l’autorisation et quand bien même, j’aurais pas été libre des mes mouvements.

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