Requiem pour un poisson rouge XIV

C’est l’heure d’aller au bouclard, aujourd’hui le plat du jour c’est côte de veau à la normande. Je retrouve l’animation de la rue, le tavernier est à deux stations de métro mais je préfère y aller à pinces, les transports en commun très peu pour moi. S’entasser dans cette puanteur au milieu d’une faune exotique et être en permanence accosté par des pétionards crasseux gauchistes (un pléonasme) c’est bon pour les adeptes du vivre- ensemble et du «Nous sommes tous frères».

Je profite de cet instant de quiétude pour me rendre au bureau de tabac faire mon ravitaillement en produits interdits par les Dr Diafoirus et le gouvernemaman.

«Fumer tue!», les cons aussi!

– Bonjour chère buraliste.

La taulière est accorte, la quadra pas trop mal conservée…

– Bonjour maître, il vous faut votre boite de Partagas?

Faut préciser que le cigare fait partie de l’attirail indispensable à tout bon baveux.

– Oui, au fait, vous faites les pipes à combien?

– Toujours le mot pour rire, dit- elle, esquissant un semblant de sourire.

– C’est bien un bureau de tabac ici? Vous avez l’esprit mal tourné.

– Les tarifs ça va de 40 à 300€.

– A ce prix, la qualité a intérêt d’être au rendez- vous, à Barbès on trouve moins cher.

– Barbès c’est malien, ici c’est du Cogolin garanti…

Cette discussion enrichissante et mes emplettes terminées, je repris mon chemin vers mon caboulot. Je suis à Paris depuis des décennies mais toujours autant fasciné par la connerie de ses habitants. Comme c’est fréquent ici, je me trouve en présence d’un attroupement et d’une queue monstre devant une nouvelle enseigne de burger halal qui vient d’ouvrir. Le pays de la gastronomie où les gens courent bouffer de la merde hors de prix… Ca c’est Paris!

Ici, faire la queue pour n’importe quoi est une façon de vivre, c’est même une fierté, dans les pays de l’est avec la pénurie communiste c’était compréhensible mais ici! Bel exemple sous mes yeux de la jobardise de la bobocratie totalement décérébrée. Pour parfaire le tableau, il y a les trois connasses de service qui font un selfie devant l’établissement.

Il sera bien temps d’aller voir mon client à la maison d’arrêt. J’ai des petits éclaircissements à faire.

 

V

Me voici de retour à mon cabinet, un peu à la ramasse je le confesse, j’aurai pas dû forcer sur le Macon blanc… excellent au demeurant.

– Margot, refilez- moi le téléphone du père de notre assassin.

– Le voilà, vous voulez que je l’appelle?

– Je suis encore capable de composer un numéro de téléphone, en attendant regardez dans le dossier si vous trouvez les coordonnées de l’assurance- vie.

– Allo, M Prouvost?

– Lui – même, qui est à l’appareil? Me répondit- il avec sa voix de tarlouze.

– L’avocat brillantissime de votre fils.

– Bonjour Maître, vous l’avez vu?

– Point encore (qu’est-ce qui me prend de causer classieux, faut que j’arrête de picoler). Avant d’aller le voir, je voudrais quelques petites précisions.

– Si je peux vous aider.

– Vous êtes au courant que votre femme avait souscrit des assurances- vie au bénéfice de votre fils?

– Ce n’était pas ma femme.

– Oui, enfin votre concubine comme on dit maintenant.

– Oui, j’étais au courant.

– Vous ne m’en avez pas parlé jusqu’à présent.

– C’était important?

– Ca pourrait l’être…

– A quel titre?

– Déjà elle aurait dû en souscrire une à votre nom, après tout vous êtes le père adoptif.

– C’était son fils adoré, il faut la comprendre et je ne suis pas intéressé par l’argent.

– Ceci vous honore, son fils était au courant?

– Je ne sais pas.

– C’est pas le cas de tout le monde dans ce monde sordide. Vous savez, les versements ont été effectués, sauf que depuis son arrestation ses comptes sont bloqués.

– Oui je l’ai appris, par l’assureur ou le notaire si j’ai bonne mémoire.

– Ok.

– A quel titre ça peut être important?

– Votre fils est accusé de meurtres, ça pourrait éveiller les soupçons des assureurs, il pourrait très bien avoir éliminé sa mère…

– C’est impossible, sa mère était tout pour lui.

– Impossible, impossible, on en a vu d’autres. Je suis son avocat, je ne suis pas là pour l’accuser mais je m’inquiète de possibles rebondissements de ce côté. Faut toujours envisager le pire, c’est un réflexe professionnel.

– C’est d’autant plus impossible qu’elle est décédée d’un cancer, vous le savez.

– Justement, quand on souscrit une assurance- vie, ils demandent des examens médicaux, visiblement il n’y a avait rien d’alarmant de ce côté.

– Un cancer foudroyant, elle a été emportée en 3 mois, c’est son médecin traitant qui a accordé le permis d’inhumer.

– Vous avez son nom?

– Un certain Dr David Cherki je crois, elle le connaissait depuis longtemps, un médecin de famille.

– Vous savez où il crèche?

– Il a son cabinet dans le XIV- ème si j’ai bonne mémoire.

– Logiquement dans les papiers de votre amie, on devrait retrouver des ordonnances, on aura ses coordonnées.

– Ah oui, en effet, je n’avais pas pensé à ça.

– Vous avez revu ce médecin depuis?

– Non, d’ailleurs je l’ai très rarement rencontré.

– Ok, regardez dans ses papiers, il doit traîner une ordonnance.

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